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ch. richet. — du somnambulisme provoqué

mir, et qui ne connaissaient rien de l’hypnotisme, s’endormir assez promptement sous l’influence des passes. Chez ces personnes, l’attention expectante ne joue qu’un rôle assez négligeable. Ce serait donc vouloir forcer les faits à rentrer dans le cadre des hypothèses imaginées que d’attribuer tous les cas de sommeil et d’hypnotisme à cette attention expectante.


On a fait depuis longtemps cette hypothèse que le magnétiseur agit par la volonté ; que, lorsqu’il fait des passes, ou lorsqu’il tient les pouces du patient, il dégage un certain fluide, fluide magnétique, qui force le patient à dormir. Cette hypothèse est assez commode lorsqu’il s’agit de magnétiser quelqu’un, car on peut ainsi, pendant une demi-heure et même plus, faire des manœuvres ridicules qui réussissent, et qu’on ne consentirait pas à faire avec tant de patience, si l’on ne s’imaginait pas qu’il se dégage des mains un certain fluide. De plus, pendant qu’on fait des passes, on fait involontairement des efforts d’attention et de volonté qui disposent à croire qu’il y a en réalité une action volontaire et comme un fluide qui se dégage. Chez les sujets endormis et très sensibles, les passes provoquent des sensations particulières, des fourmillements, des sensations de chaleur ou de froid.

Toutefois l’hypothèse du fluide magnétique n’est prouvée par rien de démonstratif. Pour faire admettre ce fait invraisemblable, inouï, en contradiction avec toutes les notions scientifiques, que la volonté de tel individu dégage un fluide qui agit sur la volonté de tel autre individu, il faudrait un ensemble de preuves rigoureuses, indéniables. Or ces preuves font absolument défaut. L’hypothèse du fluide magnétique est assurément commode ; elle explique quelques faits qui sans elle sont assez difficiles à expliquer ; mais elle est invraisemblable jusqu’à l’absurdité, et elle ne s’appuie sur aucune bonne démonstration expérimentale.

Peut-être y a-t-il lieu d’attribuer à des courants électriques extrêmement faibles une partie des phénomènes observés. On sait que tous les tissus sont le siège de forces électromotrices très faibles, appréciables cependant à un galvanomètre délicat. Ces courants électriques augmentent d’intensité avec les mouvements des muscles, le glissement des tendons dans leurs gaines, le frottement des surfaces articulaires, les changements dans la vascularité et l’humidité de la peau, etc. Lorsqu’on fait avec la main des passes magnétiques, il y a certainement dans cette main formation de courants électriques appréciables. Peut-être ces courants sont-ils les agents