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ch. richet. — du somnambulisme provoqué

grâce au téléphone et à l’électricité, le contemporain de Galilée aurait peut-être nié à priori, et considéré comme absurde et contraire à toute science une pareille affirmation.

Il aurait eu tort cependant ; de même que nous aurions tort de repousser sans plus ample examen tout ce qui semble contredire nos petites connaissances actuelles. — Pour préciser ma pensée sur ce point, si l’on arrive à me prouver, par une expérience bien faite, que le sommeil peut être provoqué par la présence du magnétiseur à l’insu du magnétisé, je croirai que cela est, car les faits ont une autorité supérieure et devant laquelle je saurai toujours m’incliner.


V. — De la nature physiologique du somnambulisme.

Dans un des chapitres précédents, nous nous sommes étendus sur plusieurs des symptômes que présentent les somnambules, et sur les conclusions qu’on peut en déduire relativement à l’état du système nerveux. Je voudrais, en terminant, reprendre ces considérations, et envisager d’une manière plus générale l’état du système nerveux des somnambules.

Supposons, pour un moment, que dans l’intelligence de l’homme il y ait une force supérieure, présidant à toutes ses actions et réglant la direction de ses idées et de ses sentiments. Cette force sera, si l’on veut, l’attention ou la volonté, ou la spontanéité. Me voici, par exemple, assis devant ma table et écrivant. Je puis dans une certaine mesure donner à ma pensée la direction qui me plaît. Les bruits et les mouvements du monde extérieur arrivent à moi ; mais, je n’en tiens pas compte, parce que je poursuis mon idée, que j’applique mon attention à ce que j’écris. Je suis donc — en réalité ou en apparence — mon propre maitre. Je puis continuer mon travail. Je puis aussi me lever si je le désire, poser ma plume sur la table, prendre mon chapeau et sortir. Je puis faire encore tel ou tel acte qui sera ou paraîtra spontané.

La direction, la volonté, la spontanéité de ces diverses actions a probablement son siège dans la partie périphérique du cerveau : dans l’écorce grise des circonvolutions cérébrales. En dehors de ce moi qui veut et qui agit, il y en a un autre, tout automatique, qui régularise et coordonne les mouvements voulus, qui donne aux muscles l’ordre de se contracter après qu’il a reçu cet ordre du moi volontaire. Tous les mouvements réflexes, instinctifs, involontaires sont réglés par l’automate qui est en moi ; cet appareil auto-