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périodiques. — Philosophische Monatshefte.

place dans l’analyse du sujet pensant, au double point de vue de la connaissance et de l’action, l’unique objet de la recherche philosophique.

J. Bergmann : La connaissance, comme reposant sur la conscience pratique du moi. L’auteur examine la théorie de la connaissance, que contient le livre de W. Hermann, La religion dans sou rapport à la connaissance du monde et à la moralité. Hermann soutient que la réalité véritable est inaccessible à la connaissance pure, que non seulement l’entendement théorique ne nous fournit aucune indication que nous puissions utiliser pour nous orienter dans le monde des choses en soi, mais qu’il est même absolument étranger au pressentiment de ces réalités supérieures ; qu’en un mot il n’atteint pas d’autre existence que celle dont nous sommes informés par le témoignage des sens extérieurs. À cette manière de voir, Bergmann oppose la doctrine platonicienne, qui fait de l’être et de la pensée des concepts corrélatifs, et soutient que toute connaissance est une connaissance de ce qui est, et que la parfaite réalité est aussi parfaitement connaissable. Ce n’est pas qu’il songe à renouveler les constructions chimériques de l’idéalisme transcendant et qu’il prétende pouvoir expliquer le monde du point de vue de l’absolu. Il sait, comme Platon, quelle distance sépare la pensée humaine de la pensée divine. Mais il croit, avec Lotze, que, bien que placés aux degrés inférieurs dans la hiérarchie des existences, nous n’en devons pas moins avoir toujours présente à l’esprit la pensée de la science absolue, comme l’idéal obscurément entrevu de notre savoir humain. Bergmann s’accorde d’ailleurs avec Hermann pour placer dans le moi pratique le principe essentiel de l’esprit, pour déclarer que le mot pratique seul a le pressentiment de la véritable réalité et peut en explorer en partie les mystères.

Adolf Horwicz : La démonstration psychologique du pessimisme.

Nos lecteurs se rappellent sans doute l’analyse étendue que nous avons précédemment donnée de l’essai de M. de Hartmann sur la démonstration scientifique du pessimisme[1]. Nous croyons qu’ils nous sauront gré de consacrer les mêmes développements à la réfutation qu’Horwicz entreprend de cet essai.

Il ne se propose pas de répéter ce qu’il a écrit déjà (Psycholog. Analys., t. II, p. 2) contre la théorie, qui est le véritable fondement du pessimisme, la théorie insoutenable de l’inintelligence absolue du vouloir (vom grundlosen Willen). Il veut seulement examiner ce que vaut la balance des peines et des plaisirs, que Hartmann dresse si ingénieusement, et dont il se sert pour démontrer la banqueroute totale de toutes nos espérances de bonheur. Hartmann suppose : 1o qu’il n’y a rien de contradictoire à concevoir que le plaisir et la douleur se laissent mesurer et comparer ; 2o que cette balance peut se faire avec une précision satisfaisante. Mais il oublie qu’en dehors des mathématiques il n’y a pas d’opposition absolue du plus et du moins. Que j’aie parcouru

  1. Voir année 1880, 1er volume, p. 584.