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l. liard. — méthode et mathématique de descartes.

un premier stade dans la réduction du composé au simple, du relatif à l’absolu. Mais la proposition ainsi obtenue est elle-même composée et relative. La réduction doit aller plus avant. En la poussant plus loin, on trouve que le rapport entre les angles d’incidence et les angles de réfraction dépend du changement apporté dans la grandeur respective de ces angles par la différence des milieux. Cette proposition est encore composée et relative ; elle provoque une réduction nouvelle. D’où vient que les rayons lumineux traversent les corps diaphanes ? Cette propriété dérive évidemment de la nature de l’action de la lumière. Il faut donc que cette action soit connue. Mais, à son tour, elle ne saurait l’être, si l’on ignore ce qu’est en général une puissance naturelle. La notion claire des puissances naturelles, voilà donc le dernier terme, le terme absolu de cette série de questions, de cette réduction progressive du composé au simple, du relatif à l’absolu.

Arrivé là, et une fois en possession, par l’intuition, de la notion claire et distincte des puissances naturelles, il faudra repasser par les mêmes degrés, pourvoir comment les diverses propositions déjà parcourues dans un autre sens s’engendrent et se lient. De la nature des puissances naturelles en général, on déduira l’action de la lumière ; cette action connue expliquera comment les rayons lumineux traversent les corps diaphanes ; cette proposition expliquée permettra de comprendre les changements que détermine dans la grandeur des angles d’incidence et de réfraction la nature des milieux. On en viendra ainsi à trouver la raison des propriétés de l’anaclastique.

Tous les ouvrages de Descartes, en particulier ses ouvrages scientifiques, nous présentent de frappantes illustrations de cette méthode. Quel est par exemple l’ordre suivi dans la Dioptrique et dans les Météores ? Dans la Dioptrique, Descartes commence par déterminer en quoi consiste l’action de la lumière ; c’est un mouvement comparable aux autres mouvements de la nature. De cette définition il conclut que le mouvement lumineux doit suivre les mêmes lois que le mouvement proprement dit. Par conséquent, à la rencontre de certains obstacles, les rayons lumineux se réfléchiront, comme fait une balle à la rencontre du sol ; ils pénétreront dans les milieux diaphanes, comme fait la même balle dans un milieu liquide ; ils seront alors déviés, comme elle, de leur direction primitive, et cette déviation variera suivant la nature du milieu traversé. — De même, dans les Météores, où il se propose d’expliquer les principaux phénomènes qui se passent dans les cieux, la pluie, la grêle, la neige, le tonnerre, la foudre, l’arc-en-ciel et certaines apparences extraordinaires, il part