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notices bibliographiques

Enrique José Varona. — La evolucion psicologica. — La metafisica en la Universidad de la Habana. 1879-1880. Habana, impr. de Soler et Cie.

La lecture de ces deux intéressantes brochures rappelle deux noms qui ne sont pas inconnus aux lecteurs de cette Revue, ceux de Sylvio Romero et de Tobias Barreto. Le rapprochement est tout naturel entre l’écrivain havanais et les deux écrivains brésiliens : comme eux, il est de race latine ; comme eux, il est poète, critique, philologue ; comme eux, philosophe, et un philosophe qui sait écrire.

La première de ces dissertations a pour but d’éclairer les compatriotes de Varona sur les origines de notre espèce. Il demande la solution du problème à la théorie de l’évolution, qu’il donne pour ce qu’elle est aux yeux de ses plus illustres interprètes, c’est-à-dire une induction provisoire, une hypothèse des mieux fondées. Or que lui dit révolution sur l’apparition et les manifestations de l’activité psychique dans la nature ? Que cette activité est un degré supérieur de coordination interne, à laquelle répond un système plus développé de relations interno-externes, Pour un organisme, progresser, c’est se relationner ; la loi du progrès, dans les êtres vivants, est de s’accroître, de s’étendre et de compliquer leurs relations avec tout ce qui n’est pas eux. Ainsi l’être le plus élevé dans la série zoologique sera celui qui est arrivé au plus haut point de relationalité, qui possède les organes les plus parfaits et les plus exercés, les fonctions les plus nombreuses et les mieux coordonnées pour le placer en communication avec un plus grand nombre d’objets. Cet être favorisé, ce parvenu, sur terre, c’est l’homme ; et son plus proche parent, sinon son ancêtre, c’est le singe.

L’auteur montre, en s’inspirant des travaux les plus récents, les liens d’affinité qui existent entre le singe anthropomorphe et l’homme : moelle épinière, moelle allongée, encéphale, cervelet, couches optiques, corps striés, hémisphères cérébraux, tout cela, nous le rencontrons dans l’un et dans l’autre ; en ce qui concerne la structure du système nerveux, la ressemblance est donc à peu près complète. Mais il suffit de fixer son attention sur les hémisphères cérébraux, pour constater chez l’homme un progrès de la plus grande importance : le développement des lobes frontaux, centres modérateurs qui interviennent dans l’idéation motrice, pour donner lieu à l’examen des motifs, et qui projettent sur l’idéation sensitive la puissante lumière de l’attention, pour donner lieu à tout le processus réflectif. Ces lobes sont la grande acquisition morphologique de l’encéphale humain, et, psychologiquement, la base et le fondement de notre supériorité intellectuelle et morale.

Quant au côté subjectif de la question, l’auteur accorde aux animaux supérieurs tous les pouvoirs émotionnels, intellectuels, volitionnels de l’homme, et même une volition dirigée par la conscience morale. Ici, la différence essentielle n’est, d’après lui comme d’après M. Ro-