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atomes d’hydrogène par un atome d’oxygène (CH2O, aldéhyde méthylique), trois atomes d’hydrogène par un atome d’azote (CAzH), acide cyanhydrique. De là, on a été amené à dire pour exprimer ce fait en évitant les périphrases : Le chlore est monoatomique (ou monovalent), l’oxygène diatomique, l’azote triatomique, et le carbone tétratomique.

De fait, cette notion d’atomicité n’a rien d’absolu, car l’atomicité d’un élément varie avec ses combinaisons. Ainsi, l’azote, triatomique dans l’ammoniaque, est pentatomique dans le chlorhydrate d’ammoniaque ; le carbone est diatomique dans l’oxyde de carbone. Tout au plus pourrait-on chercher le maximum d’atomicité d’un élément en se fondant sur le fait de la saturation. Ainsi le carbone ne peut pas se combiner à plus de quatre atomes d’hydrogène. On ne peut, en parlant d’une molécule de formène, obtenir de produit d’addition ; on ne peut la modifier que par substitution. Au contraire, si l’on supprime des atomes d’hydrogène d’une molécule de formène, on obtient un reste, un résidu, un radical qu’on appelle le méthyle (CH3) qui se combine au chlore, à l’iode et aux autres éléments monoatomiques. Lui-même est monoatomique ; par conséquent, il peut se combiner à lui-même pour donner le diméthyle (CH3CH3). De fait, la molécule de méthyle n’existe pas à l’état libre ; et il n’y a que du diméthyle ; de même qu’il n’y a pas d’hydrogène libre, mais de l’hydrure d’hydrogène HH. CH3 se comporte comme un véritable atome dont la molécule est C2H6.

On peut donc dire que le carbone tétratomique, valant quatre éléments monatomiques, a besoin, pour être saturé, d’avoir ses quatre atomicités satisfaites. On a représenté ce fait par un schéma très commode pour la démonstration, en figurant ainsi le carbone :

— C —

Le formène sera alors :

H
H — C — H
H

Naturellement, on ne doit concevoir ces figures que comme un procédé graphique qui fait comprendre facilement la théorie de l’atomicité. Avec cette notation, le diméthyle sera :

HH

iH — C — C — H.

HH