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le fruit d’une prétendue contamination analogique. Les lois de l’évolution du langage et toute l’étymologie nécessiteront des explications différentes, il est facile de le voir, selon que l’on admettra plusieurs milieux générateurs, d’où un amalgame de formes toutes faites qui constituent les langues communes[1] ; ou, pour l’établissement de ces langues, une seule poussée naturelle de formes pures mêlées à des formes altérées en quelque sorte artificiellement et partiellement.

Mais c’est précisément parce qu’on a beaucoup édifié sur cette dernière conséquence qu’il est si difficile de se mettre d’accord quant à la portée du principe dont elle découle. Il en coûte d’avouer qu’on a perdu sa peine et son temps et qu’il faut recommencer sur de nouveaux frais. Et pourtant avec de la bonne volonté et de la bonne foi combien il serait aisé de s’entendre, puisque tout le monde paraît reconnaître que c’est de l’individu seul que partent les modifications phonétiques du langage.

Paul Regnaud.

  1. Il suffit de parcourir le Dictionnaire de M. Godefroy et d’en comparer les formes avec celles qui leur correspondent dans Littré pour voir que le français n’a pas d’autre origine. « Dans notre langue, le mélange des formes dialectales est quelquefois tel, dit M. Clédat (Nouvelle gram. hist. du français, p. 35), qu’on hésite à déterminer celles qui appartiennent au français propre. Ajoutez que ce qu’on appelle le français propre n’est pas la langue d’une ville déterminée, mais celle d’un pays assez étendu (l’Île-de-France), et doit résulter de la fusion de parlers locaux, qui, d’ailleurs, ne pouvaient pas différer beaucoup l’un de l’autre. »