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ANALYSES.m. bain. English composition and rhetoric.

compte de ce fait nouveau et vous comprendrez comment les constitutions de l’antiquité se sont transformées pour devenir ce qu’elles sont.

On voit par cet exemple que la sociologie de l’auteur est assez superficielle. Ainsi tous les changements qui se sont produits dans la vie sociale depuis la disparition du monde gréco-latin n’auraient pas d’autre cause que la suppression de l’esclavage ! L’explication est bien simpliste et la méthode ne l’est pas moins. Il suffit de quelques petites pages à l’auteur pour déduire la série des transformations par lesquelles ont successivement passé les sociétés et pour en dire les causes. L’exemple invoqué d’Aristote ne suffit pas pour légitimer des procédés aussi rapides.

Ayant mis en relief les tendances aprioristes d’Aristote, M. Lutoslawski est naturellement amené à rapprocher plus qu’on ne fait d’ordinaire la politique d’Aristote de celle de Platon. Notamment sur la question des révolutions, il met en regard les unes des autres un certain nombre de propositions importantes empruntées à ces deux auteurs, et de ce parallèle il semble ressortir que le disciple doit plus à son maître qu’il ne veut en convenir. Il est bien vrai qu’Aristote est le premier qui ait fondé une théorie de révolution, mais il en a trouvé chez Platon les éléments et les matériaux.

L’ouvrage se termine par une comparaison du même genre entre Aristote et Machiavel. D’assez nombreux rapprochements tendent à démontrer qu’il est bien des points où ces deux doctrines politiques coïncident. Faut-il en conclure que le livre d’Aristote a été pour Machiavel une source proprement dite ? Rien n’est moins vraisemblable, quoi qu’en ait dit Ranke ; car on ne trouve chez le Prince aucun des exemples historiques que l’on rencontre si abondamment dans la Politique et que Machiavel eût certainement utilisés s’il les avait eus sous les yeux. Notre auteur suppose donc que la politique aristotélicienne avait été, déjà avant Machiavel, élaborée et arrangée dans un ouvrage de seconde main, qui seul a été entre les mains du philosophe italien.

En résumé, on trouvera dans ce livre, méthodiquement composé et clairement écrit, un exposé historique très digne d’intérêt. Mais les vues sociologiques qui y sont mêlées n’ont pas la même valeur.

E. Durkheim.

M. Bain. English composition and rhetoric. Part second, etc. London, Longmans, 1888.

Ce volume forme la seconde partie de la rhétorique de M. Bain. La première traitait des qualités intellectuelles du style ; celle-ci traite des qualités émotionnelles. Il serait superflu de faire l’éloge d’un pareil travail, sorti de la main de M. Bain, et ce n’est pas ici le lieu d’en pré-