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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Combes de Lestrade. Éléments de sociologie. 1 vol.  in-8o, 279 p.. Alcan, 1889.

Le titre de l’ouvrage de M. de Lestrade pourrait tromper. Sans doute, il s’explique en tant que l’auteur à eu en vue d’éveiller chez le lecteur la curiosité sociologique, de l’inviter à un examen personnel et pratique de ces problèmes. C’est d’ailleurs l’ambition qu’avoue l’auteur, et que le livre justifie. Mais il n’y faut point chercher un exposé systématique d’une théorie sociologique, moins encore un exposé critique de l’état de la science sociale. L’idée même que l’auteur se fait de la sociologie est assez indécise, et sur plus d’un point discutable. Ce n’est point un sociologue de profession se livrant avec une méthode rigoureuse à des recherches nettement définies. C’est plutôt un moraliste soucieux de mesurer la valeur des institutions établies et des coutumes régnantes. C’est un esprit distingué, très exempt de préjugés, qui, on le sent, réfléchit pour sa propre satisfaction et nous fait part de ses réflexions. « La sociologie, écrit-il, est une science comme l’économie. Elle dit : voilà ce qui est ; si elle se hasarde à dire : voilà ce qui devrait être, elle abandonne sa mission. » Et pourtant c’est ce que paraît faire le plus souvent et le plus volontiers M. de Lestrade, au moins négativement, en insistant sur ce qui ne devrait pas être, non sans mêler même à sa critique nombre d’allusions à la politique et aux événements du jour. On sent enfin que le côté pratique des problèmes sociologiques le préoccupe plus que le côté purement scientifique. « N’est-il pas juste, dit-il, que la science sociologique laisse de côté ces byzantins qui, à force de chercher comment vivent les nations, arrivent à les tuer. »

Nous ne sommes donc pas en présence d’une théorie précise, ni même d’un plan bien rigoureux ; une analyse serait donc aussi difficile que peu utile. Signalons seulement les idées les plus saillantes de ces chapitres dont les principaux sont intitulés : Origines sociales ; la Famille (l’éducation, le mariage, etc.) ; la Liberté ; la Morale ; Patrie ; les Gouvernements ; les Religions ; l’Instinct social ; la Propriété.

Nous trouvons chez M. de Lestrade cette dose de sceptisme sans laquelle d’ailleurs il serait impossible de concevoir et de chercher le « mieux » dans les choses humaines. Il en fait bien sentir la contin-