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NOTES ET DOCUMENTS

CONTRIBUTION À L’ÉTUDE DE LA DOULEUR CHEZ LES HYSTÉRIQUES


On a constaté chez quelques hystériques la persistance de la sensibilité à l’excitation électrique sur des parties du tégument où tous les autres modes de la sensibilité sont abolis. L’existence de cette variété particulière de sensibilité a été observée en France par M. Richet[1] et avant lui par M. von Rabenau[2]. M. Pitres, dans sa brochure récente sur l’anesthésie hystérique, dit que ce phénomène n’est pas très rare, et il en rapporte une observation nouvelle.

J’ai recueilli quelques faits qui me paraissent démontrer qu’il y a là un problème fort intéressant ; mais, avant d’exposer ces faits, je résumerai très brièvement les expériences de M. Richet.

On pourrait croire à première vue que, si un sujet hystérique anesthésique est sensible à l’excitation électrique, cela tient en réalité à ce que le courant a, comme on le sait très bien, la propriété de guérir, de supprimer l’anesthésie hystérique. Les auteurs se sont mis en garde contre cette cause d’erreur, en employant des courants d’intensité modérée qui éveillent une sensation spéciale au moment de leur passage, et qui laissent subsister complètement l’anesthésie après la clôture, de sorte que si on vient ensuite à piquer ou à brûler la région du tégument où l’on avait fait l’application des électrodes, le sujet ne sent absolument rien. L’anesthésie subsiste donc pour toutes les sensations autres que la sensation électrique. Il convient en outre de remarquer que, pour réveiller la sensibilité électrique, il suffit de se servir de courants de moyenne intensité. Quant à l’application des électrodes, elle peut se faire de façons très variées. M. Richet, dans sa note, cite trois procédés différents ; tantôt il mettait un des pôles en rapport avec une région sensible et l’autre avec la région anesthésique ;

  1. Gazette médicale de Paris, 1876, No 9.
  2. Ueber die Sensibilitâtsstoi-ungen bei Hysterischen. Berlin, 1869.