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Or la multiplicité de l’être appelle et fonde la loi de connaissance relative qui, sans elle, ne s’explique pas.

C’est donc de la loi de connaissance relative que la méthode en question doit être tirée.

Fondée, on le verra, sur une sorte de soustraction idéale, cette méthode a pour instrument une fonction de l’esprit encore mal étudiée, confondue parfois avec l’entendement, mais supérieure à lui et en tout opposée à lui dans ses voies : la raison pure.

Tel que nous le concevons, le problème de la méthode comporte donc deux stades ou moments :

Dans le premier, nous passons de l’existence du phénomène étudié comme tel et soumis à l’analyse au principe de l’être multiple.

Dans le second, nous nous proposons de montrer par quelle voie il est permis d’extraire de ce principe quelques-unes des conséquences qu’il enveloppe.

I

Le premier moment de la méthode et la pluralité de l’être.

L’être est par nature indivisible, et l’action qui se possède, l’action spontanée et autonome est une ou n’est pas. Qu’on cherche à y démêler des parties distinctes, et l’on verra se dessiner devant la pensée autant de centres d’action distincts qu’on avait voulu y voir de parties. Le fait a été maintes fois observé. Qui veut fractionner l’être le multiplie. L’être peut se répéter lui-même ; il ne se laisse pas entamer par la division.

Mais, s’il est un par essence, est-il unique dans le monde ? Faut-il croire qu’un même centre d’activité et de vie explique, à lui seul, la variété infinie des phénomènes ? Sur ce point, il n’est que deux solutions possibles. Il faut répondre par oui ou par non.

Or, bien qu’entre l’une et l’autre réponse le sens commun n’ait jamais hésité un seul instant, ni l’une ni l’autre ne s’impose avec évidence à la raison. On peut donc supposer a priori qu’elles sont toutes deux représentées dans l’histoire. Elles le sont en effet, et elles y tracent deux larges courants d’idées et de doctrines qui frappent d’abord les regards et semblent absorber à eux seuls presque tout le mouvement de la pensée philosophique.

Les faits, une fois de plus, viennent donc justifier ici l’anticipation rationnelle. Sur l’objet propre de la métaphysique on n’a pu faire et on n’a fait que deux hypothèses irréductibles. Le monisme tient