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théoriciens. Naturellement ils ont dû mettre en relief son rôle chez les différents peuples anciens et modernes à toutes les époques. Ils y ont ajouté des considérations sur la manière dont elle pourrait reprendre le rang et l’importance qu’elle semble avoir perdus dans l’opinion, et l’espèce de déchéance qu’elle a subie depuis qu’elle est devenue un art distinct ou un simple divertissement.

Parmi les écrits publiés en ce genre au dernier siècle, il en est un que nous devons citer particulièrement et dont la lecture est très intéressante : la Danse ancienne et moderne, traité historique de la Danse en 1754, par de Cahusac (3e volume, 1754), membre de l’Académie des sciences et belles-lettres de Prusse. L’auteur a la prétention d’extraire de son histoire des règles et de donner ce qu’il appelle une Poétique de la danse.

Le programme seul du livre suffira à donner une idée de l’esprit dans lequel il est composé. Notre historien, après avoir fait l’histoire de la danse chez les différents peuples aux diverses époques, rappelé les vues sur ce sujet des philosophes et des législateurs qui ont cru devoir s’en occuper, examine et qualifie les diverses espèces de danse (danse religieuse ou sacrée, danse guerrière, danse théâtrale, mimes, pantomime, etc.). Après nous avoir fait connaître le plus haut point de gloire de cet art, chez les Romains, il indique ensuite les causes de sa décadence ; il expose les preuves de sa perfection dans la danse ancienne ; il passe rapidement sur le moyen âge et arrive à la Renaissance des arts ; il reprend alors son panégyrique.

Cette Renaissance est l’origine des ballets, ballets moraux, ballets bouffons, moralités, fêtes à la cour, bals, bals masqués, mascarades, bals publics, etc. Il indique aussi les vices qui ont amené la décadence de l’art dont il raconte l’histoire, et conclut à sa réhabilitation et à sa réformation. Il combat les préjugés contre la danse en action. Comme Noverre, il donne des preuves de la possibilité de lui rendre sa supériorité. Il énumère ses avantages et finit également par la théorie. Vient alors ce qu’il appelle la poétique de la danse. Il en trace les règles principales et donne ses préceptes comme conclusion de son exposé historique.

Nous avons déjà nommé la plupart des esthéticiens modernes qui ont soutenu à peu près la même thèse dans les livres consacrés à la théorie des beaux-arts.

Parmi ceux qui ont formulé leur pensée d’une façon systématique, nous mentionnerons seulement Sulzer qui, dans son Dictionnaire des beaux-arts (articles Ballets, Pantomime, Mimique), a cru devoir résumer à peu près ce qui vient d’être dit de plus favorable par les deux auteurs précédents en faveur de la mimique dans ses genres princi-