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les habitudes, l’intelligence de l’araignée, des guèpes, des papillons.

Je leur recommande en particulier le dernier chapitre : Sur l’âme des animaux. Bien entendu, il ne s’agit pas ici de l’âme impondérable des métaphysiciens, que l’auteur refuse à l’homme et par conséquent à ses semblables inférieurs. Ce chapitre est lui-même fort écourté. Mais, en toute chose, il faut commencer. À un premier essai succéderont des essais plus complets, aux premières intentions de vrais résultats, et peu à peu la psychologie des insectes se constituera scientifiquement.

Bernard Perez.

G. Cesca. — La metafisica et la teoria della conoscenza di Leibniz, in-8o, 48 p.. Padoue, Drucker, 1888.

La métaphysique de Leibniz lui interdit la connaissance des choses extérieures comme elles sont en elles-mêmes ; si la monade est tout à fait fermée, elle ne peut rien connaître au dehors. Une action idéale entre les substances étant admise comme possible, au moyen de l’harmonie préétablie, elles pourraient connaître seulement la réaction que l’action des autres fait en elles. Par suite de la diversité dans la disposition originaire des monades, chacune pourrait avoir seulement une connaissance de l’univers relative à elle. Pour admettre une connaissance claire de leurs qualités, Leibniz est contraint, comme à son ordinaire, de recourir à l’intervention de la volonté divine qui créa les monades avec des dispositions telles qu’elles peuvent connaître exactement ce qui se passe au dehors. Il recourt ainsi au miracle, et sa doctrine gnoséologique, aussi bien que métaphysique, perd toute valeur philosophique et scientifique.

Leibniz avait reporté la substance des choses dans la force. C’était supprimer dans les choses la matière, l’étendue, le temps, l’espace et le mouvement. Il les réduisit à de simples apparences ou phénomènes, bien fondés, il est vrai. Il dut admettre ainsi qu’il y a une partie de la connaissance qui ne nous donne que des symboles de ce qui est dans les choses. Ce phénoménisme partiel n’a qu’une base métaphysique. Il ne nous montre pas pourquoi et comment nous n’atteignons pas la vraie nature des choses ; il suppose, sans autre chose, que la vraie et l’unique substance est la force et l’âme, et que tout ce qui n’est pas elle n’est qu’une apparence pour nous. M. Cesca a déjà prouvé qu’il est impossible de réduire la matière et l’étendue à la force : il refuse par conséquent tout fondement gnoséologique au phénoménisme leibnizien.

Si Leibniz, dit notre auteur, était resté ferme et cohérent dans sa doctrine sur l’origine de la connaissance, il aurait vu que toute connaissance dépend, en effet, d’un élément a priori de notre esprit, que nous ne pouvons connaître ni la chose en soi, ni la substance des choses, que toute notre connaissance est relative à notre conscience et limitée à notre