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mes forces à droite et à gauche et que, d’après la forme générale de mes représentations, je ne puis les figurer que comme deux cycles inverses simultanés, réductibles toujours à un cycle continu, je conclus, puisque ce cycle continu correspond à la sensation de blanc, que toute sensation simultanée de deux couleurs complémentaires sera une sensation de blanc ; c’est ce que confirme l’expérience. Voilà une application simple de la fonction du contraste.

Choisissons maintenant pour exemple deux sensations de couleurs différentes ; d’après le principe, ces deux sensations se marquent par deux directions distantes d’un certain angle : cet angle est un élément nouveau, indépendant des effets complexes de contraste qui se produisent avec ce résultat inconscient de me faire connaître la section de circonférence déterminée. Si cette section correspond à deux sommets consécutifs de polygones rigoureusement inscriptibles dans le cercle par des cycles, je tendrai, toujours d’après le caractère moteur de l’idée, à réaliser ces cycles ; ce sera le symbole du travail physiologique correspondant, la conscience m’avertit que ces excitations sont agréables. Si, au contraire, la section de circonférence déterminée par les deux directions qui expriment des excitations correspond à deux sommets consécutifs de polygones qui ne peuvent être rigoureusement inscrits par des cycles continus, ce sera le symbole d’un empêchement dans le travail physiologique correspondant ; ces excitations, ma conscience les caractérise comme désagréables. Voilà un exemple d’une application simple de la fonction du rythme.

Considérons enfin une teinte pigmentaire ; d’après le principe, cette sensation se marque en un certain segment du rayon d’un cycle relativement discontinu. Si ce segment, rapporté à l’origine, est à une distance exprimée par un multiple rythmique du premier segment compté à partir du centre et correspondant à la sensation du blanc pur, on voit facilement, par des considérations analogues aux précédentes, que la teinte pigmentaire sera agréable : il y aura mesure. Si l’on choisit deux teintes plus ou moins saturées d’un même pigment, ces deux sensations, d’après le principe, se marqueront en des segments différents du rayon d’un cycle relativement discontinu. Suivant que dans le sens du cercle chromatique le second pigment est centripète ou centrifuge, on prend la différence ou la somme des nombres marquant les positions respectives de ces segments ; si cette différence ou si cette somme est rythmique, il y a mesure dans ces teintes.

Toutes ces considérations ont été remarquablement vérifiées par l’expérience, bien entendu pour les sujets normaux et sensibles,