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ch. henry. — le contraste, le rythme, la mesure

ment aux couleurs dès que, par la théorie du contraste, on est parvenu à représenter les différentes lumières du spectre par des points dirigés, autrement dit, à construire un cercle chromatique rationnel. J’ai été conduit à déformer circulairement le spectre à partir du rouge C figuré sur le rayon vertical supérieur jusqu’au violet G figuré à 40° 54′ 36″ à gauche de cette verticale. Ce dernier intervalle est occupé par le pourpre. La couleur, sur chaque rayon, est dégradée du blanc au noir à partir du centre et sur chaque arc, de sa propre teinte à la teinte la plus voisine. Tous les points situés sur la moitié de chaque rayon reproduisent la couleur spectrale : à partir du rouge C et de gauche à droite, chacun des points distants de 45° exprime, par rapport au précédent, le nombre 1,052, qui, dans la théorie de l’éther, marque des vibrations et représente en musique l’intervalle du demi-ton. C’est du schème exact des intervalles par des angles que dépendait la précision de tous les résultats. Cela posé, d’après le principe admis, la sensation colorée se marque par une direction qui en définit le caractère dynamogène ou inhibitoire ; selon qu’elle est lumière ou pigment, elle se marquera ou sur un cycle continu ou sur un cycle relativement discontinu ; en effet, un ensemble d’excitations variées comme les couleurs lumières s’exprimera par un cycle continu dont on aura préalablement déterminé le sens normal, car la sensation de blanc, qui résulte de la simultanéité de ces sensations, est, si l’on se place au point de vue psychique, normalement agréable, si l’on se place au point de vue physiologique, susceptible d’exagérer les fonctions ou de produire du travail, en un mot dynamogène ; au contraire, un ensemble d’excitations variées comme les couleurs pigments, s’exprimera par un cycle relativement discontinu, dont on aura préalablement déterminé le sens normal, car la sensation de noir qui résulte de la simultanéité de ces sensations colorées est, si l’on se place au point de vue psychique, normalement désagréable, si l’on se place au point de vue physiologique, susceptible d’empêcher les fonctions ou la production de travail, en un mot inhibitoire.

D’après ce mode de figuration, lorsqu’il y a sensation de couleur, il y a arrêt de la direction en un certain point ; mais avoir l’idée d’arrêt, c’est se représenter cet arrêt sous une forme motrice ; or, je ne puis me représenter un arrêt de direction qu’en réalisant simultanément la direction contraire. J’en conclus que toute sensation d’une couleur sera suivie de la sensation d’une autre couleur : c’est ce que vérifie l’expérience par l’apparition de la couleur appelée complémentaire. Si j’observe que les deux directions contraires ne peuvent être réalisées simultanément à cause de la dissymétrie de