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ch. henry. — le contraste, le rythme, la mesure

ressortir de ces études, ni des possibilités que la science offrira à la rhétorique de suggérer un état d’âme par une infinité d’images dont le mode d’expression aura été reconnu identique ou concordant. Au lieu de la métaphore actuelle, généralement vague, il est permis d’entrevoir parmi les applications de la psychologie à l’art la détermination d’une infinité de métaphores possibles dont la beauté sera d’autant plus intense qu’elle sera plus inconsciente. La méthode graphique tout entière pourra d’ailleurs être interprétée par cette méthode d’analyse subjective. On pourra ainsi substituer à de vagues comparaisons oculaires des nombres précis, rigoureusement comparables et qui permettront sans doute de formuler des lois.

L’étude de l’écriture, du geste, des œuvres d’art plastique ou polychrome au moyen du cercle chromatique et du rapporteur, l’analyse rythmique des musiques ancienne et exotique fournira évidemment des documents pour le diagnostic précis de l’état normal et de la complexité esthétique des individus et des époques. On pourra jeter les fondements d’une psychologie historique qui, faute de points de repère normaux, n’a pu jusqu’ici être constituée. Des faits difficiles à interpréter en eux-mêmes, rapprochés d’autres, seront des indices certains d’un état mental précis, et autant de matériaux pour la formule d’une loi d’évolution.

La conscience est-elle un fait irréductible, ou un épiphénomène de certaines combinaisons de faits inconscients ? Au point de vue métaphysique, il est permis de soutenir les deux théories : mais si l’on se place au point de vue scientifique de l’expression, le problème ne se pose même pas. Pour la science quantitative (et telle est la science vers laquelle toutes s’efforcent de tendre), la sensibilité ne peut être qu’une modification dans la réaction motrice aux excitants. Il est évident que l’exercice de la conscience sera corrélatif de certaines conditions motrices. Il y a une base physique commune à tous les phénomènes de sensibilité inconsciente et consciente : ce sont ces conditions, comme l’a démontré Claude Bernard, que détruisent dans le protoplasma, soit végétal, soit animal, les anesthésiques. Sous leur influence, la sensibilité consciente soumise à des conditions plus complexes disparaît la première, puis la sensibilité inconsciente. Quelles sont ces conditions ? Tous les faits de conscience, le rapport 3/2 marquant l’intervalle des nombres de vibrations des couleurs les plus éloignées dans le spectre et perçues comme différentes par la conscience, les minima perceptibles des différents ordres comme l’angle visuel de 48”, le 1/132 de seconde, le nombre 12 qui est le nombre maximum des représentations successives susceptibles d’être groupées en un tout