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ch. henry. — le contraste, le rythme, la mesure

sance de e, c’est-à-dire au logarithme naturel du premier nombre et que, par conséquent, les variations de sensation croîtront comme les logarithmes des variations d’excitation. Mais, par cela même que la sensation correspond à un arrêt, les variations d’excitation inhibitoires augmenteront la sensation, tandis que les variations d’excitation dynamogènes la diminueront. On sait que la sensation d’une dissonance est plus intense à égales intensités des sons que la sensation d’une consonance. C’est un fait que l’on a parfois oublié dans la fabrication des signaux en mer et qui devra être utilisé systématiquement.

En résumé, le schème des directions permet de prévoir dans quelques cas simples les faits de dynamogénie et d’inhibition. Ces prévisions théoriques ont été vérifiées jusqu’ici pour la plus grande part par des enquêtes subjectives, par des sensations de plaisir et de peine ; il est permis d’espérer qu’elles pourront l’être par des mesures objectives (électromètres, dynamomètres, microphones, piles thermo-électriques, etc.). Les termes de dynamogénie et d’inhibition pourront donc être toujours définis par des nombres exprimant ou un travail ou une température. Nous ignorerons longtemps encore le mécanisme physiologique qui produit finalement cette exagération ou cette diminution de fonctions ; mais il y a là des problèmes d’ordre physico-chimique qui pourront être abordés avec les méthodes nouvelles de ces sciences, éclairées par la connaissance complète des milieux histologiques et les données des représentations nécessaires. En attendant, les méthodes psycho-mathématiques permettront de tourner les difficultés et de prévoir ce qui nous intéresse par-dessus tout : d’abord le sens, puis sans doute, avec des recherches mathématiques ultérieures, les variations quantitatives des résultats fonctionnels finaux. Enfin, si l’on admet que du schème nécessaire, rigoureux quand il est inconscient, de ce que nous appelons la réalité, on puisse, comme il me paraît évident, déduire les caractères de cette réalité qui ne sera jamais pour la science que la synthèse de nos représentations, on est en présence d’une méthode générale, laborieuse comme toutes les méthodes scientifiques, qui dans certains problèmes dont la figuration subjective aura été précisée pourra offrir des avantages sur les méthodes objectives, et permet dès maintenant de limiter à un nombre fini de problèmes irréductibles tous les problèmes possibles.

Charles Henry.