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PHILOSOPHES ESPAGNOLS

GOMEZ PEREIRA

(Suite[1].)

II. — La doctrine.

Après avoir exposé son dessein dans les pièces liminaires, l’auteur de l’Antoniana Margarita condense en une page les questions fondamentales, dresse une table méthodique des matières, prend le lecteur par la main et le promène dans son labyrinthe, à l’aide de notes marginales qui servent de fil conducteur. Ce sont des titres courants qui tiennent lieu de chapitres et de paragraphes. Il n’a supprimé ces manchettes qu’aux endroits où l’attention doit redoubler sur les choses essentielles. Quoiqu’il n’ait rien négligé pour se faire lire, l’analyse de sa pensée n’est possible qu’à la condition de le suivre pas à pas, docilement, presque servilement, de peur de s’égarer et de le trahir.

L’ouvrage est un essai de psychologie humaine et animale, comparée par conséquent, éclairée ou obscurcie par l’examen de quelques points de physique générale et de métaphysique. Cet essai se termine par deux dissertations distinctes, indépendantes à la rigueur, mais concourant en somme à fortifier l’ensemble : la première est un commentaire approfondi du troisième livre du traité aristotélique de l’âme ; la seconde traite de l’immortalité de l’âme. C’est dans ce cadre que tiennent les méditations du philosophe. Comme il y a consacré trente années de sa vie, il demande qu’on ne les juge pas à la hâte, après une lecture sommaire ; non sans raison, car la critique n’en est pas aisée, le sujet étant des plus ardus.

L’historique de la question que Gomez Pereira a traitée à fond le premier a été à pu près épuisée par Daniel Huet dans sa censure de la philosophie cartésienne, et par P. Bayle dans les articles de son dictionnaire critique, Concernant notre auteur et Rorarius. Ce

  1. Voir le n° précédent de la Revue.