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guardia. — philosophes espagnols

cause. C’est au flair du vrai qui est dans la réalité que se reconnaissent les philosophes de race. L’idéalisme, nommé aussi réalisme, répugnait à notre médecin philosophe. Les réalistes, dit-il avec à propos, ont été ainsi nommés pour avoir inventé bien des choses qui n’existent pas. Il est franchement nominaliste. De là son peu de goût pour Platon et saint Augustin et pour tous ces peintres d’idées qui n’ont jamais peint d’après nature, et son respect relatif pour Aristote dont l’imagination ne dominait pas la raison. La logique à outrance lui plaît infiniment plus que la rêverie. Dialecticien raffiné, retors, mais point mystique, et nullement sujet aux illusions. Aussi se défie-t-il des apparences. Puisque les animaux ne sentent point, leurs gestes extérieurs ne peuvent être des manifestations d’une perception impossible. Les animaux reçoivent des impressions, et c’est tout. Étant dépourvus de sensibilité, les perceptions leur sont inconnues. Nous avons la sensibilité ; les animaux n’ont que le mouvement. Voilà bien la profession de foi de l’automatisme.

Les images ne peuvent produire le même effet que la réalité. Aussi ne sont-ce pas des images qui nous affectent, mais des qualités réelles, le froid, le chaud, l’humidité, la sécheresse. Les images ne peuvent rien sans les organes de transmission. Dans le cas de cécité, de surdité acquises, les bêtes restent immobiles devant l’ami ou l’ennemi, l’image qui détermine le mouvement ne pouvant passer par les sens jusqu’au centre. Dans ces cas, l’homme lui-même ne perçoit pas ; ce qui prouve que la perception succède à l’impression. Or, l’impression des objets qui produit la perception chez l’homme, ne provoque rien que le mouvement chez l’animal. Du reste, il y a une telle analogie entre l’animal et l’homme, qu’au point de vue des effets produits et de leur intensité, les mouvements de l’animal sont en raison des sensations de l’homme. L’auteur veut dire sans doute que les objets qui ne produisent chez l’homme que des sensations émoussées, ne provoquent chez l’animal que des mouvements imparfaits. Mais comment les images conduites au point du cerveau qui est l’origine de tous les nerfs peuvent-elles provoquer autant de mouvements, par exemple, ceux du chat qui aperçoit la souris ou de la chatte qui allaite ses petits ? Ces mouvements multiples et divers sont bien plus compliqués et artificiels que les mouvements purement naturels ; mais comparés à d’autres mouvements vitaux, ils ne sont pas plus merveilleux que ceux qui s’opèrent en nous inconsciemment à l’état normal, tels que le déversement de la bile dans l’intestin, la diffusion du sang parti du foie (considéré comme l’organe de l’hématose) dans toutes les parties du corps ; l’afflux de l’urine dans la vessie, et beaucoup d’autres qui n’occasionnent