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guardia. — philosophes espagnols

le monde des idées l’ascension se fait du moins parfait au plus parfait, par progression ascendante ; quand le contraire a lieu, il y a régression. Mais les questions d’évolution, de sélection et de transformisme ne devaient se poser que trois siècles plus tard. Il faut donc lies écarter en faisant l’examen des doctrines du médecin-philosophe ; si remarquable qu’il fût, il était de son temps.

Sur la connaissance que l’âme a d’elle-même dans la sensation, il rapproche de la sienne la manière de voir de saint Augustin, et il assure que l’âme n’a point conscience de ce qu’elle éprouve lorsqu’elle subit la sensation : Nam nequaquam verum est animam videre affectionem propriam factum a re visa, cum videns, se animadvertit. Ce qui signifie que l’analyse psychologique peut voir, et voit, en effet, au delà de la vérité. Elle n’est donc pas infaillible la méthode expérimentale de l’observation interne. Et c’est pourtant sur cette méthode empirique qu’il compte pour rendre ses démonstrations évidentes. Le proverbe espagnol a bien raison de dire que, de toutes les certitudes, la plus certaine est le doute : De Las cosas mas seguras, la mas segura es dudar.

(La fin prochainement.)
J.-M. Guardia.