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MM. Ottolenghi et Lombroso ont fait leurs recherches sur neuf sujets, et les observations prises sont au nombre de 170. C’est peut-être ce nombre considérable des observations qui est le signe caractéristique de leur travail. Ils se sont servis dans leurs expériences d’un gros aimant, dont ils rapprochaient les pôles du corps du sujet, à l’insu de celui-ci : tantôt ils faisaient eux-mêmes l’expérience ; tantôt ils se contentaient d’en dresser le programme, et c’étaient des personnes complètement étrangères à ces questions, qui, en leur absence, procédaient aux recherches. Quant aux phénomènes dont ils provoquaient la polarisation, c’étaient toujours des hallucinations ; mais ces hallucinations étaient de différentes natures. Les deux auteurs ont distingué : 1o des hallucinations et illusions sensorielles (où on suggère au sujet des sensations élémentaires de couleur, comme une croix rouge, un carré vert, etc.) ou des sensations élémentaires de saveurs ; 2o des hallucinations psycho-sensorielles, contenant la suggestion d’objets complexes, comme un portrait de jolie femme, une statuette de madone, etc. ; 3o des hallucinations psychiques, réflétant un état émotionnel, comme la suggestion d’une mauvaise nouvelle, etc. On voit par ces quelques exemples que la terminologie des deux auteurs n’est pas celle de tout le monde.

En résumant l’ensemble de leurs observations, MM. Ottolenghi et Lombroso constatent qu’ils ont observé tantôt de la polarisation, tantôt de la dispolarisation. Ils entendent comme nous par ce premier terme l’in version de l’état physiologique ; ils adoptent le mot nouveau de dispolarisation pour les cas où il s’est produit un changement quelconque sous l’influence de l’aimant.

Le nombre total des observations est, avons-nous dit, de 170. Sur les hallucinations et illusions sensorielles (111 expériences), ils ont obtenu 10,62 p. 100 de polarisation et 89,33 de dispolarisation, sur les hallucinations et illusions psycho-sensorielles (37 expériences), 62 p. 100 de polarisation et 38 p. 100 de dispolarisation ; enfin, sur les hallucinations psychiques d’états émotifs, ils ont obtenu 22 polarisations dans 22 expériences, c’est-à-dire, la proportion remarquable de 100 p. 100.

On voit donc que pour les hallucinations et illusions sensorielles, on a plus souvent la dispolarisation que la vraie polarisation. Cette dernière a complètement manqué chez deux sujets. Chez un troisième, elle s’est présentée constamment dans une première série de recherches et, au contraire, elle a été remplacée par la dispolarisation dans une autre série, faite longtemps après ; l’approche de l’aimant ne produisait plus qu’une augmentation de l’intensité des images hallucinatoires.

L’interprétation que les auteurs donnent de la polarisation nous paraît fort vraisemblable ; après avoir écarté la suggestion, contre laquelle ils pensent s’être mis suffisamment en garde, ils considèrent que la principale action de l’aimant sur l’organisme du sujet consiste à supprimer le phénomène suggéré, et ce phénomène une fois effacé, l’association par contraste se met à jouer, faisant apparaître dans la