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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Mind.

July 1889.

W. James. Psychologie de la croyance. — La croyance signifie le plus haut degré possible de certitude et de conviction, en sorte que ce travail pourrait aussi bien s’intituler « perception de la réalité ». Il y a deux manières d’étudier tout état psychique : son analyse, son histoire (c’est-à-dire déterminer les conditions de sa genèse). À la croyance s’oppose le doute ; ces deux états peuvent s’exagérer sous la forme pathologique et devenir la foi intrépide du buveur ou le Grübelsacht, la manie des interrogations. D’après Brentano, il y a d’abord la simple pensée d’un objet, puis une attitude psychique qui affirme cet objet comme réalité. La question est donc : Dans quelles circonstances cette attitude psychique se produit-elle ? Tout ce que nous pensons est pensé comme réel et ne peut l’être autrement que si cette chose est en contradiction avec une autre que nous pensons. Toute la psychologie de la croyance se fonde sur deux faits mentaux : 1o que nous pouvons penser différemment de la même chose ; 2o que nous pouvons choisir entre ces deux manières de penser. Le monde total se compose du monde des réalités plus celui des illusions.

L’auteur classe toutes nos croyances dans les catégories suivantes : 1o le monde des sens tel qu’il est donné par l’expérience ; 2o le monde de la science tel qu’il est conçu par les savants ; 3o le monde des rapports abstraits (logiques, mathématiques, etc.) ; 4o le monde des idoles de tribu, préjugés communs à la race ; 5o les divers mondes surnaturels (mythologies, religion) ; 6o les divers mondes de l’opinion individuelle ; 7o le monde de la folie. Parmi ces divers groupes, les divers hommes choisissent diverses réalités, c’est-à-dire que réalité signifie simplement un rapport à notre vie émotionnelle et active. Sur ce point Hume a raison de dire que la croyance est une idée vivante et active, et Bain que « la croyance dans son caractère essentiel est une phase de notre nature active ». L’origine de toute réalité est subjective, est en nous-même ; elle est ancrée dans le moi doué d’activité et d’émotion. Dans certaines formes de perversion mélancolique, les malades ne croient à rien comme réalité.