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attention se porte sur un seul mouvement ; et, toutes choses égales, l’attention sera fixée de préférence sur la moitié sensible du corps, car c’est la seule qui donne, pendant les mouvements, des sensations musculaires conscientes.

Il résultera de cette fixation de l’attention une supériorité du membre sensible sur le membre anesthésique. Les sujets eux-mêmes font l’observation qu’il leur est très difficile de penser à la fois à leurs deux mains quand ils serrent. La méthode graphique fournit donc la preuve expérimentale d’un fait signalé pour la première fois par M. Pierre Janet, et que j’ai eu souvent l’occasion de vérifier, à savoir que le champ de conscience de beaucoup d’hystériques est un champ rétréci. Chez d’autres sujets, ces résultats se sont montrés moins nets, ce qui provient peut-être de ce qu’ils tiennent à des causes psychiques, variables d’un sujet à l’autre. Il a fallu recourir à la méthode des moyennes, qui donne des résultats peu précis.

Chez Lavr., la pression de la main droite est en moyenne de 7 ; si elle serre en même temps avec la main gauche, le chiffre de pression ne varie pas. Le chiffre de la main gauche ne varie pas davantage, quand elle serre en même temps avec la main droite, mais il faut remarquer que ce sujet est atteint d’une amyotrophie juvénile.

Chez Demang., la pression de la main gauche semble être en moyenne de 28 ; quand la main droite presse en même temps, la moyenne de la main gauche devient de 24, la pression isolée de la main droite anesthésique est de 11, 5 ; quand l’autre main serre en même temps, la pression devient de 10, 86, etc[1].

Un procédé d’expérimentation un peu différent m’a donné les résultats que voici : Si le sujet serre de la main anesthésique quand il y a déjà quelques secondes qu’il serre le dynamographe avec la main sensible, la courbe dynamographique de cette main présente une ligne de renforcement qui correspond à la contraction de la main anesthésique. Si on répète la même expérience en plaçant le dynamographe dans la main anesthésique, la courbe n’est point modifiée par la contraction de l’autre main.

Influence de la fermeture des yeux sur la pression dynamométrique. — Ch. Bell est un des premiers, sinon le premier, qui a constaté que la fermeture des yeux, chez un sujet hystérique, peut abolir tous les mouvements volontaires dans les membres anesthésiques. L’observation que publia le physiologiste anglais a été bien

  1. Tous ces chiffres sont les moyennes d’une vingtaine d’expériences.