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peu près simultané ; ceci tient à ce que le sujet porte de préférence son attention et son regard sur la main anesthésique, dont il hâte en quelque sorte le mouvement. Mais si on lui ferme les yeux, les choses changent complètement. Presque toujours, chez les malades que nous avons observés, le retard de la main anesthésique devient très appréciable à une inspection sommaire ; tantôt la main anesthésique exécute un nombre de mouvements égal à celui de la main sensible, mais avec un retard constant ; tantôt elle diminue le nombre de ses mouvements, et ne se fermera par exemple que cinq fois pendant que la main sensible exécute douze à quinze mouvements ; ces mouvements de la main anesthésique sont souvent incomplets ; la fermeture de la main est à peine esquissée ; enfin il peut arriver que, par une exagération du phénomène précédent, la main anesthésique n’exécute aucune espèce de mouvement, pendant que le sujet a les yeux fermés, bien que le sujet ait la ferme conviction qu’il ouvre et qu’il ferme alternativement sa main. On pourrait, dans ce cas, en employant le langage des mathématiciens, dire que le retard est infini.

Rien n’est plus facile que de reproduire l’expérience de Duchenne avec la méthode graphique, en priant le sujet de serrer deux tubes de caoutchouc reliés à un même appareil enregistreur.

Chez Lavr…, qui est anesthésique du côté droit et hypoesthésique du côté gauche, les temps de réaction sont plus longs à droite qu’à gauche, même quand le sujet regarde ses deux mains et les surveille ; mais la différence entre les temps de réaction augmente beaucoup, lorsque le sujet a les yeux fermés.

Chez Demang…, anesthésique droite, les choses se passent un peu différemment. Quand le sujet regarde ses deux mains, la contraction des deux mains est rigoureusement simultanée ; des mesures prises à l’aide de la méthode graphique ne laissent aucun doute à cet égard. Si la malade ferme les yeux, la main droite anesthésique se contracte en même temps que la main gauche tant que la malade pense spécialement et fortement à la main droite ; dès que son attention se fatigue et qu’elle serre machinalement, la main droite cesse tout mouvement. Il en résulte que lorsqu’on prie Demang… de serrer les deux tubes reliés à un appareil enregistreur, on a d’abord cinq ou six contractions simultanées des deux mains, puis on n’obtient plus que des contractions de la main sensible. Il faut interpeller le sujet, lui montrer qu’il n’a pas serré de la main anesthésique, et solliciter vivement son attention pour que cette main serre de nouveau en même temps que la main sensible.

Chez Saint-Am…, anesthésique droite, que les yeux soient ouverts