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A. BINET.sur les mouvements volontaires

exerce la même influence sur la ligne d’ascension qu’un effort bilatéral ; c’est surtout sur le côté anesthésique que le ralentissement de la ligne d’ascension est prononcé.

Ligne de descente. — Nous ne nous occupons pour le moment que d’une contraction brève ; nous étudierons plus loin les contractions prolongées et les divers phénomènes qui s’y rattachent. Dans les contractions brèves, la ligne de descente paraît en général plus lente pour les contractions de la main anesthésique que pour celles de la main sensible ; mais la différence qu’on peut relever à cet égard est moins accusée que celle de la ligne d’ascension[1].

Sommet de la courbe. — Chez P. S., la courbe du côté anesthésique présente un sommet arrondi en dôme, qui est plus long que celui de la courbe de la main sensible.

Nous avons observé chez quelques sujets l’exagération des phénomènes précédents ; dans la pression du dynamographe par la main anesthésique, le sujet est incapable de mettre fin brusquement à la pression ; la ligne de descente est considérablement prolongée ; Duchenne (de Boulogne) avait observé le même fait. Il y a, dit-il, des hystériques qui continuent à serrer un objet avec leur main anesthésique, alors qu’elles croient avoir fini tout effort de pression.

Il arrive parfois aussi que si la pression du dynamographe a été trop énergique, elle donne lieu à une contracture en flexion. Ce fait est aujourd’hui bien connu, et l’on sait que l’effort volontaire peut être un mode de production de la contracture hystérique.

III

Temps physiologique de réaction.

L’anesthésie hystérique produit un allongement du temps physiologique de réaction pour les mouvements volontaires.

Duchenne (de Boulogne) avait mis le fait en relief dans une expérience très nette et bien simple, une vraie expérience clinique : on prie un sujet hémianesthésique de rapprocher ses deux mains simultanément, et de les ouvrir et fermer. Le plus souvent, une des deux mains est en retard ; c’est la main anesthésique. Nous avons répété cette expérience sur un grand nombre de sujets ; le résultat varie beaucoup suivant que l’hystérique a les yeux ouverts ou fermés. Quand ses yeux sont ouverts, le mouvement des deux mains est à

  1. M. Féré a constaté récemment cette forme graphique de l’effort en rapport avec l’augmentation de la force musculaire. (Rev. phil., juillet 1889, p. 144.)