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que dure l’expérience le rythme respiratoire ne varie pas. Lorsque ces mêmes sujets simulent une contracture, c’est-à-dire font un effort volontaire pour résister à la traction, ils opposent une résistance beaucoup moindre et le tremblement du membre est très manifeste, ainsi que l’irrégularité de la respiration.

Un second fait est à rappeler relativement à l’histoire des contractures. Des expériences multiples ont montré que la contracture tient le milieu entre l’état de relâchement du muscle et l’état de contraction. Ainsi M. Richer a constaté que lorsqu’un membre est contracturé, la faradisation augmente la contracture. MM. Brissaud et Richet ont confirmé le fait par un autre moyen, en enregistrant la courbe dynamographique du membre contracturé artificiellement. Enfin, dernière preuve, MM. Boudet de Paris et Brissaud, dans des expériences sur le bruit musculaire, ont constaté que l’activité musculaire d’un muscle contracturé se traduit par un bruit comme l’activité d’un muscle en contraction. Mais tandis que le muscle contracté produit un bruit de roulement régulier, sonore (bruit rotatoire), constant dans le chiffre de ses vibrations, le muscle contracturé ne produit qu’un bruit faible, irrégulier, saccadé, avec des interruptions, des intermittences.

Nous avons repris ces expériences sur P. S., en employant un procédé un peu différent de celui des auteurs précédents. Ce procédé a consisté simplement à contracturer la main pendant qu’elle tient le dynamographe, de façon à provoquer une contracture en flexion qui se traduit par une pression sur l’instrument. Le degré de cette pression, que nous avons essayé de rendre aussi forte que possible en insistant sur l’excitation mécanique des muscles, s’est montrée chez P. S. plus élevé dans le membre sensible que dans le membre anesthésique, se rapprochant en cela de la contraction volontaire ; elle est restée, du côté sensible, au-dessous du chiffre 12, et du côté anesthésique, au-dessous du chiffre 6 (nous avons vu que, chez P. S., le degré maximum de l’effort volontaire est de 20 pour le côté sensible et de 10 pour le côté anesthésique).

La longueur de la courbe de contraction obtenue par ce procédé a été beaucoup plus grande que celle d’une contraction volontaire ; les doigts ont cédé lentement à la réaction du dynamographe sans que le sujet fît un effort et ressentît la moindre fatigue ; on ne voit sur les tracés obtenus aucun tremblement ; la ligne est parfaitement lisse du commencement à la fin de l’expérience. Nous noterons seulement que la durée de la résistance de la contracture a été un peu plus grande du côté anesthésique que du côte sain, où le chiffre de pression était, par compensation, plus élevé.