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détails n’étaient que le produit de son imagination, et quand on lui faisait observer que ce n’était qu’une fantaisie, il ne voulait pas le croire.

Je ne continuerai plus la description de ce cas, parce que je parlerai encore et avec plus de détails de cette forme de maladie chez d’autres malades ; j’ajouterai seulement qu’en peu de temps les bras et les jambes du malade furent paralysés, que les mouvements respiratoires furent troublés et qu’enfin il mourut. Ces paralysies furent causées probablement par une affection des tubes nerveux, c’est-à-dire par une névrite multiple.

Qu’est-ce donc qu’une névrite multiple ? — Pour l’expliquer, je dois un peu m’écarter de mon sujet.

On sait que le système nerveux de l’homme consiste en centres nerveux et en nerfs. Les centres, ce sont le cerveau et la moelle épinière. — De ces centres sortent des filaments, ce sont les tubes nerveux ou les nerfs sensitifs et moteurs — Les nerfs sensitifs portent aux centres les impressions extérieures reçues par les organes des sens ; les nerfs moteurs transmettent aux muscles les impulsions des centres et il en résulte des mouvements. Ce qui l’orme la partie essentielle des troncs nerveux, ce sont les tubes nerveux, c’est-à-dire des fibres extrêmement fines qui sont réunies en faisceaux, et ce sont ces faisceaux qui composent les troncs nerveux. Ces tubes pénètrent dans les masses centrales, c’est-à-dire dans l’encéphale et la moelle épinière et y entrent en liaison avec les cellules nerveuses. Les fibres nerveuses sont des tubes dans lesquels on remarque un fil qui est comme le fil télégraphique qui transmet les impulsions des centres ; ce fil s’appelle le cylindre-axe. Le fourreau où il est s’appelle la gaine de Schwann. Entre la gaîne et le cylindre-axe se trouve une matière qui se nomme substance médullaire ou myéline, et qui est destinée probablement à améliorer les conditions de la nutrition et de la conductibilité du cylindre-axe. Voilà la structure des tubes nerveux. — Parfois les tubes nerveux n’ont pas de fourreau, parfois ils sont sans substance médullaire, mais le cylindre-axe existe toujours et on ne peut s’imaginer de filaments nerveux qui n’en aient pas. — Dans les troncs nerveux ces filaments sont groupés en faisceaux unis par un tissu conjonctif. — Tout filament nerveux unit un point de la périphérie, c’est-à-dire un filament musculaire ou un des appareils des sens sensitifs à une cellule nerveuse.

Les cellules nerveuses qui se trouvent dans les parties centrales du système nerveux sont des petits corps avec beaucoup de prolongements. On ignore à quoi servent la plupart de ces prolongements,