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volonté pour la contraction ne parviennent plus aux muscles. Si ce sont les nerfs sensitifs qui sont atteints, on voit paraître des douleurs, et si les fibres nerveuses sont tout à fait détruites il s’ensuit une perte de sensibilité de la partie de la peau vers laquelle se dirige le tube nerveux malade, puisque les excitations de cette région ne parviendront plus à la conscience dans cette région. — Par conséquent, cette maladie se manifestera à l’extérieur par des paralysies, c’est-à-dire par l’abolition de mouvement, des bras et des jambes principalement, par des douleurs, anesthésie et autres troubles de la sensibilité. — L’autopsie de ces cas nous fait voir ordinairement de profondes modifications des troncs nerveux (qui ont été décrits en détail par les savants français : Gombault, Pitres et Vaillard, etc.). — Les fibres nerveuses paraissent tout anormales : la substance médullaire (myéline) qui entoure le cylindre-axe se modifie et finit par disparaître ; le cylindre-axe lui-même est modifié ; tantôt il est gonflé, tantôt aminci, et il finit par se rompre, puis disparaître. Tout cela fait que le tube nerveux perd sa propriété de transmettre les excitations, — Mais, ordinairement, au bout d’un certain temps, on voit apparaître la régénération : le cylindre-axe reparaît, il est de nouveau entouré de myéline et la faculté de transmission reparaît. Cela se passe encore plus vite si la lésion n’est pas profonde et si le cylindre-axe ne disparaît pas et que ce n’est que la substance médullaire (myéline) qui manque. J’ai déjà dit que la substance médullaire contribuait à la nutrition et à la conductibilité du cylindre-axe ; par conséquent, faute de cette substance, le cylindre-axe transmet plus mal les impulsions nerveuses. Mais si seulement le cylindre-axe n’est pas complètement détruit, le tube nerveux est bientôt reconstitué. Aussitôt que la cause de la maladie n’existe plus, la myéline renaît et au bout d’un temps très court arrive la guérison complète.

J’ai été obligé de faire cette digression pathologique parce que, dans la suite, cela nous servira pour nous orienter lorsque nous analyserons les troubles de l’activité psychique, qu’on peut observer dans la maladie que nous décrivons. En effet, dans la névrite multiple on observe souvent des troubles psychiques. En le faisant remarquer dans un de mes travaux médicaux[1], je me suis efforcé de l’expliquer en admettant que cette maladie n’était pas exclusivement une maladie des troncs nerveux, mais bien une maladie de tout le système nerveux, des troncs aussi bien que des centres. Ce qui le prouve, c’est| qu’on a déjà trouvé que les centres étaient

  1. De la paralysie alcoolique, Moscou, 1887, en russe.