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pression est reproduite alors que nous en recevons une autre pareille ; 2o lorsque nous percevons une impression qui a quelque analogie avec l’ancienne, ou activement, lorsque, voulant nous rappeler quelque chose, nous portons notre attention sur ce qui est en rapport avec la chose que nous voulons nous rappeler, parce que nous savons, par expérience, que cette relation fera revivre en notre conscience ce que nous voulions rappeler : si je voulais, par exemple, me rappeler où Pierre a mis une chose, je me représente la figure de Pierre, son attitude et, dans ma conscience, se reproduisent alors les traces de ses actions. Tout cela se passe selon les lois des associations des idées ; mais pour que ces traces d’impressions antérieures puissent être reproduites, il faut qu’elles soient associées. Nous savons que la constitution de l’encéphale présente toutes les conditions favorables à ce qu’il se forme un nombre infini de ces associations, grâce à l’existence de tout un système de filaments nerveux auxquels on ne peut attribuer que le rôle de voies d’associations. Les observations des particularités de la vie psychique de l’homme font supposer que les associations d’idées sont développées au plus haut degré en lui ; il faut croire que chaque impression reçue, faisant vibrer avec force le groupe de cellules qui la perçoit, évoque en même temps une vibration d’autres cellules nerveuses, grâce à leur liaison d’association. Cette excitation par association peut être parfois assez vive pour devenir consciente ; d’autres fois elle n’arrive pas à l’état conscient ; mais, néanmoins, la trace de cette vibration subsiste et cela avive encore le lien d’association d’un groupe de cellules avec un autre, de façon que l’excitation d’un de ces groupes appelle inévitablement celle de l’autre. De cette manière, dans l’épais réseau des groupes des éléments nerveux reliés entre eux, il s’établit des associations très intimes entre quelques-uns de ces groupes, des relations plus éloignées avec d’autres et, enfin, de très faibles avec une autre partie. La faculté de reproduction des traces n’est autre qu’un procès nerveux qui se propage, d’après la loi d’association, d’un groupe de cellules à un autre et finit par atteindre celui qui conserve la trace de ce qu’on veut se rappeler. Parfois pour évoquer dans la conscience un souvenir, le procès nerveux doit passer par toute une série de groupes associés, dont l’excitation n’arrivera pas à la conscience, parce que l’excitation de ce groupe d’éléments n’est pas assez intense pour évoquer une réaction consciente, mais elle est assez suffisante pour pouvoir passer au groupe suivant avec lequel il est associé, et si ce troisième groupe est plus apte à l’excitation, due en partie à l’intensité des traces qu’il a gardées, et en partie à l’aperception active d’un autre côté, cette excitation devient consciente, de façon