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VARIÉTÉS


LE CONGRÈS DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE 1889.

En 1881, M. J. Ochorowicz, professeur à l’université de Lemberg, envoyait à M. Ribot un article intitulé « Projet d’un Congrès international de psychologie ». Son travail fut inséré dans la Revue[1], mais le projet parut chimérique à bien des gens, au directeur de la Revue tout le premier. Les raisons cependant que faisait valoir M. Ochorowicz étaient excellentes. Il montrait que, depuis un demi-siècle, la psychologie avait changé de caractère, qu’elle était devenue une science fort analogue aux sciences naturelles, qu’elle ne pouvait faire de progrès rapides que par des efforts collectifs, par la collaboration de tous avec tous, par un échange perpétuel d’observations et de renseignements, une mise en commun des expériences ; il insistait sur la nécessité de se connaître et de s’entendre ; c’était le sûr moyen de terminer vite bien des polémiques qui ne tiennent souvent qu’à des malentendus, à des confusions de mots. Le programme était immense ; la psychologie tout entière y figurait : psychologie générale, psychologie physiologique et pathologique, psychologie animale, psychologie de l’art, psychologie de l’histoire, psycho-physique, éthologie, que sais-je encore ? et son histoire avec elle. Peut-être même est-ce la largeur de ce programme qui effraya un peu, en même temps qu’elle séduisait. On comprenait bien qu’un tel Congrès pourrait rendre de grands services, mais on doutait un peu qu’il pût jamais se réunir ; on se sentait découragé par l’étendue de la tâche que l’on avait devant soi. En cette année de Congrès, l’audace est venue aux psychologues ; M. Ch. Richet a repris à son compte les idées de M. Ochorowicz, il a cru le Congrès possible, et, à la fin de l’an passé, il a proposé à la Société de psychologie physiologique de prendre l’initiative de sa réunion. Un comité d’organisation a été constitué, sous la présidence de M. Charcot, et un programme élaboré. Il est moins vaste, certes, que celui de M. Ochorowicz, et encore s’en est-il fallu de beaucoup que toutes les questions qui y sont inscrites aient été traitées pendant les cinq jours qu’a duré le Congrès. On craignait que l’on ne se perdit dans des discus-

  1. Tome XII, p. 1.