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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


John Nichol. Francis Bacon. His life and philosophy. 2 vol.  Edinburgh and London, Blackwood, 1888-1889.

Ces deux petits volumes font partie de la collection des philosophes classiques, que publie en Angleterre la maison Blackwood, et qui comprend déjà Descartes de Mahaffy, Berkeley de Fraser, Kant de Wallace, Hobbes de Robertson, etc., et autres ouvrages dont il a été déjà rendu compte dans cette Revue.

Le premier volume ne traite que de la vie de Bacon, de sa vie publique surtout, qui a fourni matière, de son vivant et encore plus après sa mort, à tant d’accusations passionnées. M. N. déclare qu’il voudrait seulement ne pas être injuste à l’égard de Bacon, comme l’ont été trop d’écrivains, Pope, Macaulay, etc., et même, dit-il, M. de Rémusat. On peut, en effet, montrer que la sévérité pour ce grand homme a été toujours croissant de siècle en siècle, surtout au xix- siècle, tandis que son jugement et sa condamnation avaient peu nui, ce semble, à sa gloire auprès des contemporains et de la postérité immédiate. Mais ce premier volume, tout de biographie, n’intéresse que l’histoire du temps et celle de l’homme même. Or c’est le philosophe que nous voulons étudier ici.

Le deuxième volume se compose de deux parties : Quels sont les rapports de Bacon avec les doctrines précédentes ? Quelle a été son œuvre propre ? — M. N. parcourt successivement toute l’histoire de la philosophie et de la science (il a bien raison de ne point séparer l’une de l’autre) dans l’antiquité, au moyen âge et à la Renaissance. L’énumération des noms propres se termine par ceux de Copernic, Pomponace, Agrippa, Paracelse, Cardan, Telesio, Patrizzi, Cesalpin, Bruno, Campanella, Ramus, Tycho-Brahé, Képler, Galilée et Gilbert. Ce résumé historique pour lequel M. N. s’est servi des meilleurs ouvrages d’érudition (encore a-t-il oublié les Origines de l’Alchimie, de M. Berthelot, 1885), est plutôt trop complet et trop exact. Bacon, en effet, connaissait-il bien tous les écrits de ces savants philosophes, et ceux qu’il connaissait avaient-ils tous la même importance à ses yeux ? On nous parle de Roger Bacon, le moine du xiiie siècle ; mais le Bacon du commencement du xviie siècle ne paraît pas avoir eu connaissance de ses manuscrits, publiés beaucoup plus tard, sauf un, le de Mirabili potestate artis et naturæ, en 1618. On nous parle aussi de Léo-