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Les mêmes phénomènes, mais un peu moins marqués, se produisaient chez les personnes saines. Ce fait a déjà été observé par Vintchgau, Dietl[1] et Bloch[2].

Je ne trouvai pas nécessaire de suivre la règle de M. Tchige, d’après laquelle il faisait dix expériences de chaque catégorie et si, pour une raison quelconque, il ne pouvait faire la série complète, il éliminait même les expériences qui avaient réussi. Il me semble que lorsqu’une expérience a été faite avec toute la précison nécessaire, il est permis d’en profiter sans se soucier des autres pour le moment.

Parfois j’ai pu faire 15 expériences de même catégorie, d’autres fois, surtout chez les malades à l’état maniaque, quelques-unes seulement réussissaient ; d’autres fois encore, il fallait se contenter d’expériences d’une seule catégorie.

Ainsi le malade M… (paralysie générale, période d’excitation) préférait les expériences de la mensuration du temps d’associations, et il était rare qu’il fût bon pour des expériences d’autre genre. Le malade S… (démence paralytique primitive) n’a jamais pu former d’associations malgré les nombreux efforts entrepris pour les lui faire comprendre et malgré toute la bonne volonté avec laquelle il se prêtait aux démonstrations.

Je fis mes observations avec le chronoscope de Hipp[3] et en me servant d’accumulateur. On introduisait dans la pile les interrupteurs (un seul ou les deux, selon le cas), un rhéostat et un galvanomètre. Je prêtais attention à ce que l’aiguille ne déviât pas de plus de 35°. On s’habitue vite à suivre la marche des aiguilles.

Au début je suivais le programme de M. Tchige et je faisais les expériences pour mesurer le temps de simple réaction (R) contre les sons forts et faibles ; le temps de choix, avec discernement (RW) ; le temps de réaction sur les mots (W) et le temps d’associations (A). Mais bientôt je me vis dans la nécessité d’élargir mon programme.

C’est ainsi que dans les expériences pour mesurer le temps de choix, expériences qui consistaient à marquer les sons forts avec la main droite et les sons faibles avec la main gauche, je remarquai que pour la main gauche les chiffres étaient plus considérables que pour la main droite, et cette différence ne dépendait pas seulement de celle de l’intensité du son. Il me sembla donc utile d’établir des expériences de contrôles pour mesurer le temps de réaction simple par interruption du courant aussi avec la main gauche.

  1. Pflüger’s. Arch., XVI, page 340.
  2. Archives de physiol., t.  II, cmp. 599.
  3. La description de cet appareil se trouve dans la Psychologie physiologique de Wundt.