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WALITZKY.mensurations psychométriques

rémission très proche de l’état normal. Bien que le diagnostic ne fût pas définitif, j’ai cru cependant qu’il serait intéressant d’entreprendre sur lui des expériences. Je le fis d’autant plus volontiers qu’il s’y prêtait fort bien, ce qui est rare chez les aliénés.

Tous mes malades étaient de la classe instruite, condition indispensable selon moi pour ce genre d’études.

Il y avait parmi eux 3 médecins (dont 1 vétérinaire), 1 caissier d’une maison de banque, 1 capitaine d’infanterie, 1 capitaine de vaisseau et 1 négociant. Les malades ne trouvaient pas les expériences pénibles et s’y prêtaient de bonne volonté. Les uns les acceptaient comme moyen de distraction, les autres avaient conscience que c’étaient là des expériences scientifiques. Cependant leur intérêt se bornait seulement au côté externe de la chose. Les derniers enfin les considéraient comme un traitement. Ainsi l’un d’eux attribuait à l’appareil l’amélioration survenue dans son état, et il accueillait chaque visite de son médecin par les paroles suivantes : « Figurez-vous que je suis arrivé à un millième de seconde ! » Ce même malade me mettait parfois dans un véritable embarras : il pleurait à chaudes larmes quand les expériences ne réussissaient pas. Un autre était tout fier qu’on eût fait sur lui un plus grand nombre d’expériences.

Je faisais parallèlement des expériences sur des personnes saines qui étaient des médecins. C’est donc grâce à la complaisance de mes collègues que j’ai pu réaliser mon programme. Il est nécessaire de dire que j’ai fait un nombre d’expériences beaucoup plus considérable que celui dont je parle dans cet article ; mais je rapporte seulement celles dont je puis garantir la précision. Lorsque j’expérimentais sur des personnes bien portantes, s’il se présentait un cas douteux elles m’aidaient à le trancher ; mais quand j’avais affaire aux malades, je me débrouillais toute seule en observant bien attentivement tous leurs actes.

Après deux ou trois séances ils étaient déjà habitués aux expériences, et les chiffres que j’obtenais alors étaient très sensiblement les mêmes. Je pouvais donc profiter de ces observations.

Je dois cependant faire remarquer que, journellement, je devais éliminer les premières expériences qui me donnaient des chiffres trop élevés relativement à ceux que j’obtenais ensuite.

Cela arrivait surtout pour le temps de simple réaction et de réaction sur les mots.

    naire), fortes contractions fibrillaires dans les muscles du visage et de la langue, changement dans l’état des pupilles, tremblement des mains. Tout cela fit d’abord supposer qu’il était atteint de paralysie générale. Cependant plus tard on m’écrivit de Kazan qu’il était frappé de paralysie