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WALITZKY.mensurations psychométriques

Le malade M…, dont j’ai déjà parlé, présente un grand intérêt par ses réponses pour le groupe d’associations reproductives. Ainsi le mot « être » ne provoquait qu’assez lentement une réponse chez la plupart de mes malades, tandis que M… répondait immédiatement : « ou ne pas être », la phrase de Hamlet. La même chose arrivait pour d’autres mots rappelant, soit des personnages de fables, soit des proverbes.

Bien que la phrase de Hamlet : « Être ou ne pas être », ainsi que les fables et les proverbes fussent aussi très connus de mes autres malades, ces associations n’étaient cependant trouvées que par M… ; ce qui me fait supposer que ses facultés intellectuelles procédaient automatiquement.

Si l’on admet que le développement des fonctions automatiques des facultés intellectuelles se fait aux dépens des fonctions actives de l’aperception, mes observations seront donc d’accord avec la supposition de M. Tchige, qui explique la réduction de la durée des associations pendant la première période de la paralysie générale par l’affaiblissement de l’activité de l’aperception.

Pour obtenir une appréciation numérique moyenne des expériences sur l’association par habitude, appréciation qui serait indépendante des variétés individuelles, j’ai cru bon d’adopter un nouveau genre d’expériences : l’addition des nombres d’un seul chiffre. En effet, l’addition de ces nombres se fait chez nous inconsciemment, habitude. Aussi ce temps d’addition correspond-il à celui d’association des mots par habitude (tableaux VII, VIII et IX).

Je n’ai pas réussi à faire sur les malades des expériences sur la mensuration du temps d’association sous forme de raisonnement ; je n’en ai donc pas fait non plus sur des personnes saines.

J’ai expérimenté sur douze personnes. Pour les six premières catégories d’expériences, il y a en moyenne 150 expériences par personne qui peuvent être prises en considération, et pour les trois dernières catégories 300 expériences en moyenne par personne.

En tout, j’ai fait 18,000 expériences, c’est-à-dire que j’ai obtenu 18,000 nombres.

Me basant sur ces observations qui ont duré plus de quatre mois, j’en tire les conclusions suivantes :

1o Les nombres moyens que j’ai obtenus par mes expériences sur des personnes saines ne diffèrent pas beaucoup de ceux d’autres expérimentateurs, sauf une exception : pour le temps d’association mes nombres sont moins élevés. D’après Wundt[1] (tableau I), la

  1. Psychologie phys., 2e édition, page 227.