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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Charles Henry. Cercle chromatique. 1 vol.  grand in-folio, Paris, Charles Verdin, 1889. — Rapporteur esthétique. 1 vol.  petit in-folio, Paris, G. Séguin, 1889.

Il n’est peut-être pas un homme doué d’esprit philosophique que n’ait tourmenté, pour peu qu’il ne se désintéressât pas complètement des questions d’ordre esthétique, cette question fondamentale : à quelles lois obéissent nos perceptions de formes, nos sensations de lumière et de couleur, au point de vue de leur caractère agréable ou désagréable ? En ce qui concerne les sons, ces lois sont depuis longtemps connues avec plus ou moins de précision et d’une façon plus ou moins empirique ; mais on peut dire que, malgré des tentatives parfois ingénieuses, en ce qui concerne les formes, et malgré les découvertes précieuses auxquelles ont donné naissance les travaux de Chevreul sur le contraste des couleurs et tout ce qu’a fait Helmholtz pour faire profiter l’esthétique des progrès de l’optique, on n’est arrivé, jusqu’à ces derniers temps, à aucune solution générale vraiment satisfaisante de cette question : pourquoi telle forme, intermédiaire entre deux autres satisfaisantes, nous déplaît-elle ? pourquoi, de même, tel contraste de deux couleurs blesse-t-il nos regards alors que, l’une d’elles restant constante, deux tons voisins de l’autre et situés de part et d’autre sur le spectre produisent un effet harmonieux ?

Les lecteurs de la Revue philosophique savent déjà[1] au moyen de quel ingénieux artifice M. Charles Henry a essayé de résoudre ces problèmes, par une solution générale s’appliquant aussi bien à la musique qu’aux arts optiques et même à tous les ordres de sensations.

Cette solution, on s’en souvient, s’appuie sur le fait qu’il n’existe ni sensation ni image qui ne soit accompagnée d’un phénomène moteur, d’où il suit qu’on peut ramener l’étude de tous les phénomènes esthétiques élémentaires à celle des représentations motrices correspondantes. De là naît immédiatement l’unité des lois esthétiques fondamentales, chaque ordre de sensations ne soulevant que des problèmes spéciaux, relatifs à la détermination de ses réactions motrices. Si nous ajoutons à cela qu’un mouvement agréable est dynamogène et un mou-

  1. Voir, dans la Revue du mois d’octobre, l’article de M. Ch. Henry sur Le contraste, le rythme, la mesure.