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analyses. — ch. henry. Cercle chromatique.

la parcourons pas des yeux, car l’image se brouillerait sous notre regard, d’où nous devons conclure que ce n’est pas par le mouvement de l’œil décrivant une figure que nous apprécions celle-ci, mais par autre chose qui pourrait bien être le mouvement virtuel de nos membres capables de tracer cette figure. Quoi qu’il en soit, notre difficulté fondamentale demeure entière[1].

Quand il s’agit de vérifier les conséquences de sa théorie des nombres rythmiques, M. Ch. Henry nous paraît, d’autre part, voir bien facilement ce qu’il désire : nous allons en signaler un exemple. Reproduisant la courbe donnée par M. Marey pour représenter les variations de la vitesse de marche en fonction du nombre des pas à la seconde, il s’exprime ainsi : Les points d’inflexion de la courbe de la vitesse de progression sont fonction des nombres rythmiques, c’est-à-dire qu’il y a accélération précisément aux points correspondant aux nombres rythmiques 48, 51, 60, 64, 68, 80, 85, comme il est évident par la figure. » Poursuivant plus loin sa vérification, il remarque que la vitesse de progression varie en fonction de la nature du rythme, car les angles des tangentes menées par les points rythmiques, 40, 48 ; 51, 60 ; 60, 64 sont plus grands que ceux des tangentes menées par les points 48, 51 et 64, 68, parce que 51 et 68 sont des multiples de 17, le plus grand des nombres premiers rythmiques compris dans les limites de l’expérience. Celui qui, après avoir lu ce commentaire, regarde la figure (p. 16 du Cercle chromatique) est fort surpris, car la courbe ne présente qu’un seul point d’inflexion (point où la courbure change de sens), situé un peu au delà du point correspondant à 68 pas, et ensuite la courbe paraît régulière et, en ce qui nous concerne, nous ne remarquons pas de variation spéciale aux points signalés, si ce n’est aux environs de 64, 80 et 85 pas[2] : il ne peut s’agir, d’ailleurs, que d’une réduction de l’accélération aux points situés au delà de l’inflexion, c’est-à-dire aux points 80 et 85, ce dernier correspondant d’ailleurs à un changement de signe de l’accélération, vu que c’est à ce nombre de pas que répond le maximum de vitesse. M. Marey, du reste, n’a pas vu plus que nous ce que M. Henry signale dans sa communication à l’Académie des sciences, à laquelle est empruntée la figure reproduite, laquelle comprend en sus de la courbe des vitesses, celle de la longueur des pas : il dit que, d’après cette dernière, la longueur des pas s’accroît peu jusqu’au rythme 65[3], d’où il résulte forcément que,

  1. Il ne sera pas sans intérêt, au point de vue des vérifications sommaires que pourraient essayer nos lecteurs, de donner les premiers nombres rythmiques ; ce sont : 2, 3, 4, 5, 6, 8, 10, 12, 15, 16, 17, 20, 24, 30, 32, 34, 40, 48, 51, 60, 64, 68, 80, 85, 96, 102, 120, 128, 136, 160, 170, 192, 204, 233, 256, 257, 272, 320, 340, 384, 408, 480, 510, 512, 514, 544. 640, 680, 768, 771, 816, 960, 1020.
  2. On peut dire, dans un certain sens, que, aux points où il y a accélération brusque, il y a inflexion, parce que, si l’on considère les droites joignant l’un de ces points aux points voisins, chacune d’elles peut être regardée comme un cercle de rayon infini dont le centre est en haut pour la première et en bas pour la seconde.
  3. Comptes rendus, 1884, p. 737.