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nourriture et son développement, non de lui-même, mais de ce qui l’entoure moralement. Il doit voir et respirer dans la lumière et dans l’air de l’Intelligence, se nourrir de la substance de la Bonté, et agir sous l’effet de la Causation (work under the effectiveness of Causation).

Suivant les théories écossaises sur les questions métaphysiques, comme le plus pratique des systèmes en vogue, l’auteur prend l’exposition qu’en a donnée Hamilton, en essayant, comme paraît l’avoir désiré Chambers, d’enlever l’idéalisme des régions de l’entendement, de même que les vieilles idées (old ideas) avaient été enlevées de la région des sens. Il espère contribuer au progrès de la science en unissant la pensée aux autres phénomènes de l’univers, en suggérant des recherches sur la nature de ces conditions physiques ou phénomènes concomitants de la pensée, qui peuvent nous venir en aide pour exercer sur le monde de la pensée un contrôle analogue à celui que nous exerçons déjà sur le monde matériel. Ainsi il ne tombera pas sous la notion, hégélienne et plaisante, du philosophe qui regarde les choses avec la tête en bas et les pieds en haut ; il échappera aux réflexions comiques de Heine sur la philosophie subjective. Car non seulement il distingue l’esprit et sa sphère morale d’action, mais il accentue cette distinction en montrant en outre que le Moi personnel est de même nature que le royaume spirituel, qu’il est actif dans les opérations mentales et par elles en liaison avec la sphère morale, aussi bien qu’avec l’organisme physique et sa sphère. En relation avec la plus haute personnalité, avec Dieu, l’homme se distingue ainsi plus profondément de la brute qui, à d’autres égards, participe à sa nature mentale et physique.

La science cherche l’unité dans les objets de la connaissance, elle affirme, par exemple, que la substance de chaque corps, atome ou masse, organique ou inorganique, naturel ou artificiel, est tirée de la matière universelle. Mais tout corps a forme, consistance, et succession de parties : ces qualités des corps dérivent de même d’êtres universels (existing universals), à savoir les formes, extensions, etc., de l’Espace, la consistance, les cohérences de la Force, les successions, rythme, etc., du Temps. Il faut donc se demander ce qu’est la constitution, ce que sont les relations des corps matériels et ce qu’est la matière. Si nous suivons Spencer, qui constitue la matière avec trois éléments, positions résistantes et coexistantes, atomes étendus et résistants, masses étendues et résistantes, parmi lesquels la coexistence appartient au Temps, la résistance à la Force ou Energie et la position à l’Espace, nous avons les modes combinés ou fusionnés (fused) du Temps, de la Force, de l’Espace hyperphysiques. Que la matière soit en atomes, en molécules ou en masses, chaque corps sera une combinaison de ces trois modes, qui sont, comme tels, limités, variables, et peuvent être épuisés, en se fondant dans leurs primitifs ; nous éviterons ainsi la controverse sans fin sur la divisibilité de la matière. Mais d’où viennent et la composition particulière des