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et gouvernant, comme conduisant à ses propres fins toute la création.

Nous nous bornons à analyser aussi exactement que possible les doctrines exposées dans ce livre. Elles rappellent tout à la fois les Alexandrins et Kant ; elles présentent plus d’une analogie avec celles qui ont été présentées par M. Ravaisson dans son Rapport et par M. Lachelier dans sa thèse sur l’Induction. Il n’y a rien d’étonnant d’ailleurs à ce que les métaphysiciens réussissent, comme les théologiens, à faire rentrer les faits scientifiques dans les théories, anciennes et antérieures à ces faits, par lesquelles on a voulu expliquer l’origine et la fin de l’univers et de l’homme, puisque ce qui caractérise les recherches scientifiques, c’est précisément de ne s’appliquer qu’au comment et non au pourquoi, à la liaison et non à l’origine ou à la fin des phénomènes. Ce qui surtout mérite d’attirer l’attention de ceux qui cherchent à quelles lois obéit dans son évolution la pensée humaine, c’est que les progrès des sciences, si considérables depuis un siècle, ceux de la philosophie des sciences qui, avec A. Comte et surtout avec Darwin et Spencer, a présenté dans une immense synthèse, les résultats généraux auxquels sont arrivés les savants après trois siècles de recherches ininterrompues, n’ont fait disparaître ni les métaphysiques, ni les religions. Tandis que des sociétés religieuses, qui comptent par milliers leurs adhérents en Europe et en Amérique, tentent d’allier le christianisme avec le bouddhisme, avec la kabbale, pour en tirer une religion nouvelle, on fait appel à la science elle-même pour reproduire, en les modifiant moins dans le fond que dans la forme, les doctrines des Alexandrins, les plus profonds, les plus subtils, les moins soucieux du sens commun ou de l’exactitude scientifique, de tous les métaphysiciens de l’antiquité. Et le fait est d’autant plus curieux à noter, à propos de l’ouvrage dont il vient d’être question, qu’il s’agit d’un compatriote et d’un successeur de Reid, qui a demandé au sens commun la solution des questions métaphysiques, de Th. Brown, qui voulait, comme D. de Tracy, faire rentrer la psychologie dans la zoologie, de toute une série de philosophes, dont on a remarqué la réserve bien plus que la hardiesse dans les affirmations métaphysiques.

F. Picavet.

Giuseppe Sergi. Le degenerazioni umane (Les dégénérescences humaines). Bibliothèque scientifique internationale. Milano, 1889, chez Dumolard.

Morel, dans son livre sur les dégénérescences humaines, avait défini la dégénérescence une déviation maladive du type normal de l’humanité. Il avait cherché les causes de cette déviation dans le milieu physique, biologique et social, et il avait montré que tout être dégénéré ne pouvait donner naissance qu’à un être dégénéré. La théorie de l’accroissement de la dégénérescence venait compléter l’œuvre de Morel. Il me semble que, dans cette œuvre, on trouve le germe de