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s’ajoute la conscience, avec l’apparition du ganglion céphalique. Après l’impression, la représentation devient chez l’homme mobile des actes. Sa volonté n’est qu’une tendance à satisfaire des désirs selon des lois nécessaires. Dire que la fin ultime de l’homme est le bonheur, cela veut dire seulement que l’homme y tend nécessairement. Le sens moral qui accompagne cette tendance n’est qu’un ensemble d’aptitudes perfectionnées à des fonctions capables de réaliser, pour chaque individu normal, son propre bonheur avec celui de son espèce. Ce sens moral est susceptible d’un affinement et d’un élargissement indéfinis.

De Dominicis. Profils du monde moral. — Les idées morales varient selon les races et les peuples ; elles se transforment dans chacun d’eux selon le développement de la société, et corrélativement aux faits économiques, aux idées religieuses, aux sentiments esthétiques, aux formes politiques, aux progrès de la culture. L’individualité morale est partie du milieu, équivalente au tout. La formation éthique part de la nature, et aboutit à un résultat différent de la nature. Elle a une valeur propre, comme processus, comme synthèse. Ainsi la nécessité devient liberté (pas libre arbitre) en devenant consciente, en se déterminant pour un but ; mais elle ne cesse pas pour cela d’être nécessité. Chaque individu, dans la vie sociale, se pose selon les conditions déterminées par la nature et par le milieu social. Des circonstances favorables font souvent que, par sa coopération au bien, un individu surpasse tous les autres dans l’ouvre de vertu. Ce sont là les héros moraux, qui n’ont rien de commun avec les fous, quoiqu’on le prétende aujourd’hui.

G. Sergi. Psychose épidémique. — L’individu ne peut être séparé du tout organique, Toutes les conditions de la vie mentale se réduisent à une réceptivité-réflexion de l’esprit. La suggestion, sous toutes ses formes, est la loi fondamentale de l’esprit. Elle se propage, comme l’épidémie, laissant quelques-uns tout à fait indemnes, d’autres pris avec une grande violence, d’autres sous une forme mitigée. Les flagellants, la danse de Saint-Jean, la guerre servile en Sicile, les superstitions de l’an 1000, le fanatisme des croisades, les pèlerinages au tombeau du Christ, les pèlerinages de notre temps à la prison du saint-père, la folie du boulangisme, sont des exemples historiques de cette épidémie souvent malsaine et funeste. Ce qu’on appelle la contagion du suicide est aussi un cas de psychose épidémique, indiquant chez les sujets atteints une capacité intellectuelle de résistance ou nulle ou très faible.

T. Vignoli. L’école, étude sociologique. — En elle-même, dans les différentes formes de son évolution extérieure, l’école est un fait produit en dehors de la volonté délibérée des individus ou des gouvernements. C’est un fait nécessaire et continu. Il naît de la vie individuelle et sociale, et plonge ses racines lointaines dans le monde inférieur de l’animalité. Il est d’abord physiologique, empirique, spontané, et