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l’autre, la métaphysique a pour objet de mettre de l’ordre dans les connaissances scientifiques. Mais, pour le premier, elle doit être avant tout ontologique ; le but de la cosmologie ne peut être atteint qu’en vertu du travail ontologique, et le principe ordonnateur, c’est l’être, qui n’est pas d’ailleurs une simple loi, dans le sens du kantisme ou de l’évolution, ni une simple abstraction. Pour le second, l’élément ordonnateur du multiple fourni par les sciences particulières est le principe de l’évolution, et l’évolution n’est pas un résultat de la critique de la connaissance, mais un résultat des progrès de la science expérimentale. Selon lui, la métaphysique a aussi pour office propre d’ordonner le contenu des connaissances. Et, si nos connaissances sont relatives, la conscience qu’elles le sont les rend absolues. Il accepte donc la partie positive de l’opposition faite par Bonatelli à la doctrine de la relativité ; mais il nie que, pour devenir absolues, elles aient besoin d’un concept vrai de vérité absolue. Benzoni continuera et conclura.

Principaux articles : L. Credaro. Quel usage Cicéron a-t-il fait des sources grecques de la philosophie ? — F. Bertinaria. Le problème capital de la scolastique. Benini. L’intégration artistique. L. Billia. Question rosminienne : toujours pour la vérité.

Principaux comptes rendus : F. Beaussire. Les principes du droit (C. Segré). F. Paulhan. L’activité mentale et les éléments de l’esprit (L. Ferri). — F. Bonatelli. Sur la liberté du vouloir (G. Fontana).


Rassegna Critica.

Marzo-Giugno 1889.

S.-F. De Dominicis. La question rosminienne. — Pour le positivisme, la philosophie de Rosmini n’a qu’une importance historique. La conscience n’est plus la clef de voûte de l’édifice de la pensée. La gnoséologie s’est transformée en gnoséogénie, et la gnoséogénie est devenue un chapitre de la biogénie. Le sentiment fondamental de Rosmini a quelque chose de vrai, mais ce vrai, c’est la nature du plasma, c’est l’histologie et la physiologie comparée qui le déclarent. Entendre l’âme et la pensée aujourd’hui, c’est entendre la vie ; entendre la vie, c’est entendre le processus de formation des êtres vivants. Rosmini explique l’intelligence avec l’être idéal, mais il faut l’intelligence pour connaître l’être idéal. Et cet abstrait indéterminé, qui le prouve ? Pour nous, l’être idéal est un mysticisme dans le Nouvel Essai, et un panthéisme dans Théosophie. Dans la doctrine de l’évolution, de telles hypothèses sont impossibles. Nous avons les mêmes questions que Rosmini et la métaphysique, mais nous n’avons ni la même méthode ni les mêmes résultats. À la dialectique hégélienne ou rosminienne la doctrine de l’évolution substitue la recherche de la genèse naturelle des choses ; à l’immanence métaphysique du panthéisme, la positivité des faits.