Page:Ribié - Geneviève de Brabant, 1804.djvu/21

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donne son lait. L’agitation de Sifroi redouble. Pendant cette scène, les amours et les plaisirs exécutent un ballet, à la fin duquel tout disparait. Sifroi se réveille, et cherche par-tout le tableau qu’il vient de voir en songe.}}

SCÈNE VIII.

Sifroi.

Ah ! malheureux, ton bonheur n’ait qu’un songe. Pourquoi mes yeux s’ouvrent-ils à la lumière ? Mes sens étaient liés, suspendus ; je goûtais une paix, une joie profonde qui, enivrait mon cœur. Dans un lieu sauvage, mais solitaire, je voyais mon infortunée compagne, tenant le fruit de notre malheureux amour, et réclamant pour lui l’assistance d’une habitante des forêts, qui, loin de fuir, suivant son instinct naturel, lui donnait sa première substance, et semblait placée là par la main divine, pour conserver l’innocence et la vertu. Je n’osais approcher de ce divin tableau ; en rêvant même, je craignais que ce ne fut qu’un songe. Êtes-vous, disais-je, une image trompeuse ? Ne venez-vous pas abuser mes yeux ? N’est-ce pas votre ombre ? Sensible à mes maux, vivez-vous encore ? Suis-je assez heureux pour vous posséder ? En disant ces mots je cours, tout disparaît, et mon désespoir seul me reste… Ce nouveau supplice manquait à mon malheur : le criminel n’a pas besoin d’autre châtiment que le souvenir de ses propres fautes. ; elles se présentent à lui comme des spectres horribles ! Ah ! pour m’en garantir, puisse la mort me dérober aux rayons vengeurs de la vérité, qui me persécutent.

SCÈNE IX.

{{didascalie|Il reste accablé du poids de sa douleur. Geneviève inquiète de son fils, sort de la caverne et parcourt le théâtre pour le chercher, en s’approchant de la fontaine elle apperçoit un homme, se recule d’effroi, cependant le costume ne lui est point inconnu ; elle s’approche, reconnaît son époux, elle croit s’être trompée ; elle s’approche encore, la faiblesse s’empare de ses sens, elle tombe sur ses genoux, et dans cette posture elle remercie la Divinité de lui avoir rendu son époux, et de pouvoir prouver son innocence. Elle veut le réveiller ; mais elle s’arrête, et va graver cas mots sur l’écorce d’un gros chêne : Ci-git Geneviève de Brabant. Après avoir regardé à plusieurs reprises et son mari, et l’inscription, elle donne un baiser sur le front de Sifroi et s’éloigne. Sifroi se réveille, regarde le portrait de sa femme, et va pour s’éloigner lorsqu’il apperçoit l’inscription ; il court