Page:Ribié - Geneviève de Brabant, 1804.djvu/5

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SCÈNE IV.

GOLO, seul.

Voilà donc mon malheur certain ; la perfide ? Rejetter les vœux d’un homme qui lui feroit le sacrifice de sa vie ! qui n’existe, qui ne respire que pour elle… Ah ! vengeance ? vengeance ? tous les feux de l’enfer sont passés dans mon cœur. Non, je ne puis dévorer un tel affront. Je veux triompher de son indifférence, ou la perdre. Courons me jeter aux pieds de ce savant, renfermé dans cet antre désert : dans cette caverne impénétrable. Implorons ses conseils, les secours de son art ; déployons contre cette ingratte, tous les tourmens infernaux. Oui, te le jure, je vaincrai sa résistance, ou elle ne verra plus en moi que le plus implacable ennemi. Courons à la vengeance.

(Il sort.)

SCÈNE V.

(Le théâtre change, et représente une caverne obscure, on voit un homme vétu d’une peau d’Ours et assis sur un rocher).

LE SAVANT, GOLO,

Le Savant.

Faible mortel ! que veux-tu ?

Golo.

Homme savant… Je demande…

Le Savant, (l’interrompant.)

Vengeance ! Je le sais tu adores, on te hait. Tu veux triompher ? Tu te perdras ; je vais te montrer les suites de ton entreprise. Tu vas voir dans un tableau, arriver Siffroi, et son épouse, te déclarer parjure. Si d’après cet exemple tu persistes, je te donnerai les moyens de te venger. Mais ton triomphe sera court.

(Il fait voir à Golo, dans un tableau, Geneviève entourée de ses amies qui la félicitent sur le prochain retour de Sifroi. Plusieurs instrumens annoncent son arrivée ; il tombe dans les bras de son épouse ; il est fêté par tous ses amis, il demande où est Golo. Geneviève lui fait part de ses infâmes projets, Siffroi devient furieux, et jure la perte de cet affreux ami. Golo marche vers l’endroit de la scène ; mais le tableau disparaît.)

Le Savant.

Eh bien ! n’es-tu pas effrayé de ce tableau qui te présage les suites les plus funestes ?

Golo.

Effrayé ! moi ? tu connais mal Golo, Réussir où me venger. Les approches de la mort même ne me feroient pas renoncer à mes projets.