Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/112

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« On avait toujours des mots éloquents, artistement expressifs ; par intervalles, des vues d’une pénétrante subtilité ; rarement manquait le ton d’une sympathie noble, quoique étrangement colorée ; mais, en général, cette conversation sans but, faite de nuages, assise sur des nuages, errant sans loi raisonnable, ne pouvait être appelée excellente, mais seulement surprenante ; elle rappelait l’expression amère de Hazlitt : Excellent causeur, en vérité, si on le laisse ne partir d’aucune prémisse, pour n’arriver à aucune conclusion[1]. »


Descendons maintenant aux vulgaires exemples d’affaiblissement acquis de l’attention volontaire. Elle se présente sous deux formes :

1o La première est caractérisée par une activité intellectuelle exagérée, une surabondance d’états de conscience, une production anormale de sentiments et d’idées dans un temps donné. Nous en avons fait déjà mention à propos de l’ivresse alcoolique. Cette exubérance cérébrale éclate davantage dans l’ivresse plus intelligente du hachich et de l’opium. L’individu se sent débordé par le flux incoercible de ses idées, et le langage n’est pas assez rapide pour rendre la rapidité de la pensée ; mais en même temps le pouvoir de

  1. Carlyle, The Life of Sterling, ch. VIII.