Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/115

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les réflexes, en viennent à la période où elle est impuissante par atonie ; l’effort ne dure qu’un moment, jusqu’à ce que cette passivité toujours croissante aboutisse à la démence[1].

Le lecteur voit, sans commentaires, que les maladies de l’attention volontaire sont réductibles aux types déjà étudiés. Il est donc plus fructueux, sans multiplier les exemples, de rechercher ce que cet état de l’esprit qu’on nomme l’attention peut nous apporter de renseignements sur la nature de la volonté et de suggestions pour les conclusions de ce travail.

Je n’ai pas à étudier l’attention, quelque intéressant et mal connu que soit ce sujet. La question ne peut être prise ici que de biais, c’est-à-dire qu’autant qu’elle touche à la volonté. Je réduirai mes conclusions sur ce point aux propositions suivantes :

1o L’attention volontaire, celle dont on célèbre d’ordinaire les merveilles, n’est qu’une imi-

  1. Parmi ces malades, quelques-uns, assez rares, traversent une période de lutte qui montre bien en quelle mesure la volonté est maîtresse et comment elle finit par succomber : « J’ai vu à Bicêtre, dit Billod (loc. cit.), un paralytique général dont le délire des grandeurs était aussi prononcé que possible, s’évader, se rendre pieds nus, par une pluie battante et de nuit, de Bicêtre aux Batignolles. Le malade resta dans le monde un an entier, pendant lequel il lutta de toute sa volonté contre son délire intellectuel, sentant très bien qu’à la première idée fausse on le ramènerait à Bicêtre. Il y revint cependant. — J’ai rencontré plusieurs autres exemples de cette intégrité de la volonté se conservant assez longtemps, chez les paralytiques généraux. »