Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’attention volontaire est un état artificiel où, à l’aide de sentiments factices, nous maintenons à grand’peine certains états de conscience qui ne tendent qu’à s’évanouir (par exemple, quand nous poursuivons par politesse une conversation très ennuyeuse). Dans un cas, ce qui détermine cette spécialisation de la conscience, c’est toute notre individualité ; dans le second, c’est une portion extrêmement faible et restreinte de notre individualité.

Bien des questions se poseraient ici ; mais, je le répète, je n’ai pas à étudier l’attention en elle-même. J’avais simplement à montrer (ce qui, je l’espère, ne laisse aucun doute) qu’elle est dans son origine de la nature des réflexes ; que sous sa forme spontanée elle a leur régularité et leur puissance d’action ; que, sous sa forme volontaire, elle est beaucoup moins régulière et puissante ; mais que, dans les deux cas, c’est une excitation sensitive qui la cause, la maintient et la mesure.

On voit une fois de plus que le volontaire est fait avec l’involontaire, s’appuie sur lui, tire de lui sa force et est, en comparaison, bien fragile. L’éducation de l’attention ne consiste en définitive qu’à susciter et à développer ces sentiments factices et à tâcher de les rendre stables par la répétition ; mais, comme il n’y a pas de création ex nihilo il leur faut une base natu-