Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/121

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venons ainsi à ce problème de l’inhibition, plus obscur ici que partout ailleurs. Voyons ce qu’on peut supposer à cet égard. D’abord, il est à peine nécessaire de rappeler que le cerveau est un organe moteur, c’est-à-dire qu’un grand nombre de ses éléments sont consacrés à produire du mouvement et qu’il n’y a pas un seul état de conscience qui ne contienne à un degré quelconque des éléments moteurs. Il s’ensuit que tout état d’attention implique l’existence de ces éléments. « Dans les mouvements de nos membres et de notre corps, nous avons le sentiment très net d’une opération[1]. Nous l’avons à un degré moindre dans l’ajustement délicat de nos yeux, de nos oreilles, etc. Nous ne le reconnaissons que par induction dans l’ajustement encore plus délicat de l’attention et de la compréhension, qui sont aussi, et sans métaphore, des actes de l’esprit. Les combinaisons intellectuelles les plus pures impliquent des mouvements (avec les sentiments concomitants) aussi nécessairement que la combinaison des muscles pour manipuler. Le sentiment d’effort ou de repos éprouvé, quand nous cherchons ou trouvons notre route à travers une masse d’idées obscures et enchevêtrées, n’est qu’une forme affaiblie du sentiment que nous avons en cher-

  1. Lewes, Problems of life and Mind, 3e série, p. 397.