Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/156

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vague qu’on n’en peut déterminer la nature. N’est-il qu’un état de conscience antagoniste suscité par la suggestion même, en sorte que tout se réduirait à la coexistence de deux états contraires ? Est-il plus complexe, et faut-il admettre qu’il représente la somme des tendances encore existantes dans l’individu et quelques restes de ce qui constitue son caractère ? — Si l’on accepte la théorie de Heidenhain, on aurait, dans l’état dit léthargique, un arrêt complet de l’activité fonctionnelle ; l’ordre ou la suggestion mettraient en jeu un nombre infiniment restreint d’éléments nerveux, dans la couche corticale ; enfin dans l’état de résistance surgiraient de leur sommeil quelques-uns de ces éléments qui, à l’état normal, forment la base physiologique et psychologique de l’individu, étant l’expression synthétique de son organisme. Il faut avouer que, même en admettant cette deuxième hypothèse, ce qui resterait du pouvoir volontaire, de la possibilité pour l’individu de réagir selon sa nature serait un embryon, un pouvoir si dénué d’efficace qu’on peut à peine l’appeler une volonté.

Remarquons de plus que, s’il est difficile pour l’observateur de deviner quel pouvoir de réaction persiste chez la personne qui résiste, celle-ci en est encore plus mauvais juge :

« Une analyse attentive des phénomènes,