Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/22

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spéculatifs, qui vivent dans les abstractions, et les gens pratiques, n’est que l’expression visible et palpable de ces différences psychologiques que nous venons de signaler. Rappelons encore, à titre d’éclaircissement, des vérités banales : la différence entre connaître le bien et le pratiquer, voir l’absurdité d’une croyance et s’en défaire, condamner une passion et la sacrifier. Tout cela s’explique par la tendance motrice, extrêmement faible, de l’idée réduite à elle-même. Nous ignorons les conditions anatomiques et physiologiques nécessaires pour la naissance d’une idée abstraite, mais nous pouvons affirmer sans témérité que, dès qu’elle devient un motif d’action, d’autres éléments s’y ajoutent : ce qui arrive chez ceux « qui se dévouent à une idée ». Ce sont les sentiments seuls qui mènent l’homme.


II

À s’en tenir à ce qui précède, l’activité volontaire nous apparaît comme un moment dans cette évolution ascendante qui va du réflexe simple, dont la tendance au mouvement est irrésistible, à l’idée abstraite, où la tendance à l’acte est à son minimum. On n’en peut fixer rigoureusement ni le commencement ni la fin,