Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/31

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de ces deux centres d’action antagonistes, il y a d’autres causes qui tendent à affaiblir directement les impulsions primitives.

Mais nous devons examiner ici la difficulté de plus près, car la coexistence de ces deux états de conscience contraires[1], suffisante pour produire l’indécision, l’incertitude, le non-agir, ne l’est pas pour produire un arrêt volontaire, au sens réel du mot, un « je ne veux pas ». Il faut une condition de plus. Elle se rencontre dans un élément affectif de la plus haute importance, dont nous n’avons rien dit. Les sentiments ne sont pas tous des stimulants à l’action. Beaucoup ont un caractère dépressif. La terreur peut en être considérée comme le type extrême. À son plus haut degré, elle anéantit. Un homme brusquement frappé d’une grande douleur est incapable de toute réaction volontaire ou réflexe. L’anémie cérébrale, l’arrêt du cœur amenant quelquefois la mort par syncope, la sueur avec refroidissement de la peau, le relâchement des sphincters : tout indique que l’excitabilité des centres musculaires, vaso-moteurs, sécrétoires, etc., est momentanément suspendue. Ce cas est extrême, mais il nous donne un grossissement. Au-dessous, nous avons tous les degrés possibles

  1. Il est bien entendu que nous ne les séparons pas de leurs conditions physiologiques, qui sont l’élément principal.