Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de crainte avec tous les degrés correspondants de la dépression.

Descendons de ce maximum à la crainte modérée, l’effet dépressif diminue, mais sans changer de nature. Or, comment arrête-t-on les mouvements de colère chez l’enfant ? Par les menaces, les réprimandes ; c’est-à-dire par la production d’un nouvel état de conscience à caractère déprimant, propre à paralyser l’action. « Une enfant de trois ans et demi, dit M. B. Perez, comprend à l’air du visage, au ton de voix, qu’on la réprimande : alors son front se plisse, ses lèvres se crispent convulsivement, font un instant la moue, ses yeux s’humectent de larmes, elle est près de sangloter[1]. » L’état nouveau tend donc à supplanter l’autre non seulement par sa propre force, mais par l’affaiblissement qu’il inflige à l’être tout entier.

Si, malgré des menaces répétées, l’arrêt ne se produit pas, l’individu est peu ou point éducable sous ce rapport. S’il se produit, il en résulte, en vertu d’une loi bien connue, qu’une association tend à s’établir entre les deux états ; le premier éveille le second, — son correctif, — et, par l’habitude, l’arrêt devient de plus en plus facile et rapide. Chez ceux qui sont maîtres d’eux-mêmes, l’arrêt se produit avec cette sû-

  1. La psychologie de l’enfant, p. 33.